Extrait du journal

fDÉ NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL] . Alger, ... Novembre. — « Copament, vous voulez faire une enquête sur l'Algérie, et vous venez vous documenter sur place ? Alors,-, ça,, c'est extraordinaire ! ■ Sachez, Monsieur,. que les articles sur l'Algérie se fabriquent généralement à Paris, dans les bureaux officiels ou dans les bibliothèques. Et je vous trouve bien téméraire de bous culer aussi irrévérencieusement une tradi tion éprouvée par l'expérience... » C'est à*-peu près dans ce langage que je vieïis d'être accueilli (d'ailleurs avec un empressement d'autant plus aimable) par les milieux agricoles, commerciaux et in dustriels d'Alger. Faut-il le dire ? L'amour vraiment dévoué qu'on garde ici, malgré tout,-à "la; mère patrie ne se juge pas assez payé de retour... On déplore qu'il ait fallu, l'an dernier, une interpellation retentis sante pour que la France apprît enfin — plusieurs mois après le drame — que des êtres humains étaient morts de faim en Algérie... On regrette que la question algé rienne, plus psychologique peut-être que politique, et si complexe, si subtile, si pro fonde que les fonctionnaires les plus aver tis ne l'ont pas complètement pénétrée, de leur propre aveu, après vingt ans d'étude et d'action, n'ait jamais retenu aussi long temps qu'elle le mérite l'attention de nos assemblées nationales. Bref, l'Algérie qui se suffit aujourd'hui à elle-même et qui sera demain pour la métropole une . sorte « d'oncle qui a réussi dans les affaires », et dont on escompte un peu la générosité, — un oncle... d'Afrique — voudrait bien tout de même ne pas être traitée en pa rente pauvre qui n'a sa place, à la table de famille, que pour écouter parler les autres... Et d'abord, sait-on chez nous, et ailleurs,...