Extrait du journal

se détendre, à tout son sang -qui bouillonne, le temps de reprendre son cours normal, à son émotion le temps de s'apaiser. Soudain, elle tressaille et jette un cri. Une main vient de s'appuyer surson épaule. Et si elle a tressailli, ce n'est pas que l'é treinte fût brutale, car la main s'est appuyée doucement et Lucienne n'a senti que l'effleu rement du bout du doigt, —: mais c'est qu'elle devine que celui qui est là, c'est Montmayeur. Et c'est lui, en effet, pâle et troublé. — Vous, Jean, que me voulez-vous ? La nuit se fait un peu plus obscure, mais dans cette obscurité les yeux de Montmayeur sont luisants comme ceux d'une bête fauve, li ne répond rien; son bras entoure la taille de ia jeune fille. Il l'attire à lui brusquement et ses lèvres avides et cruelles recherchent cette bouche pure dont la fraîcheur le brûle. Elle penche la tête en arrière avec un grand cri d'épouvante, car elle se voit perdue, mais les lèvres suivent partout les siennes et Mont mayeur murmure à son oreille des paroles enflammées : — J'ai tout entendu... dit-il... tout... j'é tais là, près de toi !... Ah ! comme tu m'ai mes, comme tu m'aimes, puisque tu m'aimes malgré mon crime... Et il la serre à l'étouffer. L'horreur paralyse la force de Lucienne. Vraiment elle a l'air de s'abandonner. Elle voudrait se défendre. Elle ne le peut. Elle ne s'attendait pas. à cette brusque attaque. Et il lui parle, par phrases entrecoupées. Il lui dépeint l'amour insensé qu'il a conçu pour elle,.. C'est l'aveu du misérable, mais non point l'aveu soumis, au contraire,' l'aveu triomphant. Elle l'aime... II est aimé en dépit de son crime. Et Lucienne, chose inerte dans ses bras, Lucienne effarée» folle,- sent l'étréinte des...