Extrait du journal

Une immense plaine désolée s'ouvre ail sortir des gorges de Chabeth-el-Mercantl vipères à cornes„ seuls habitants de cette région où les chacals et les vautours ne trouvent même pas leur nourriture. En guise de parties fines, il dégustait de temps à autre un plantureux accès de paludisme. Je vais: lui serrer la main avant de partir. H grelotte, couché sur sa natte de paille tressée. Malgré lui, ses dents jouent des castagnettes. Sa voix est rauque, cassée, brûlante, la voix des cauchemars. ' — Fièvre ?" Il hausse les épaules : — Faut s'habituer à tout.., Mais vous, où camperez-vous ce soir ? Je veux camper à Bir-Zar, un puits qui se trouve S soixante-quinze kilomètres de M'Chiguig. Ménard hoche la tête : — L'étape est trop longue pour un novice. Vos bossus (vos cha meaux) sont fatigués. Prenez garde de ne pas les crever en route. Vous ne trouveriez, pas de métro pour ren trer chez vous... à Paname. Il sourit, d'un sourire qui essaie d'être gai et qui est tout illuminé de fièvre. Ménard est de « Paname » lui aussi. Déjà le Parigot s'efface en lui, et /le chef de., poste reparait, l'homme responsable d'une étendue de bled aussi grande qu'un de nos départements. — Vous ne vous êtes pas ravi taillé en eau, gronde-t-il, et vous n'avez plus de vivres, je le sais..; Parions que vous n'avez même pas de cigarettes ? A mon tçur de hausser les épaules. Tout cela est vrai. Je ne voulais pas prendre d'eau, avant de quitter M'Chiguig. Elle sent la créosote et...