Extrait du journal

à vous. Sa mère, sa vraie mèré est morte, le père Théotime me l'a dit, vous ne l'aurez pas, vous lui feriez du mal. — Je la prendrai malgré vous.-—Je vous en défie. — Pourquoi? — Parce que je vous dénoncerais. — A qui? à la police peut-être. .Et l'inconnue riait dédaigneusement. Mais mère Clémence répondit avec un ton qui me parut très décidé : — Peut-être à la police, mais aussi à d'au tres. Alors je levai le rideau d'andrinople rouge qui couvrait le vitrage, je le levai touUdoucement, et je vis une dame plus grande que toi, maman, brune, pâle, avec des cheveux qui lui tombaient jusqu'aux yeux, et des prunelles plus noires que de l'encre, qui me parurent lancer des éclairs. Sur la table, devant laquelle mère Clémence et cette dame étaient assises, il y avait des bouteilles vides. —J'ai soif I dit l'inconnue tout à coup. Mère Clémence prit une bouteille. — Non, pas de vin, dit la dame, il me fait horreur. — C'est du vin blanc de chez nous, vous venez de dire que vous le trouviez bon. — Il ne me désaltère pas. — Qu'est-ce que vous voulez alors? — Un grog. Mère Clémence se leva et alla chercher une houteille d'eau-de-vie dans un placard à côté de la cheminée. Puis elle mit snr la table le sucrier, une ca rafe et un citron. La dame arrangea sa boisson elle-même. — En voulez-vous un, Clémence ? dit-elle. — Non, répondit ma mère, parce que lors que j'ai bu un peu dé vin blanc comme je l'ai fait tout à l'heure, ça m'achève. — Pas quand on met du citron. —Je ne m'y fierais pas....