Extrait du journal

Par cette fin d'hiver assez douce, la vé gétation s'éveille avant l'heure. Dans la plupart des jardins parisiens, des arbustes bourgeonnent, les rosiers ont déjà de longues pousses et les grappes des lilas se montrent entre les plis de la verte tu nique qui les comprimait. La population, ravie de cette clémence d'une saison prédite si rude, commence à se répandre chaque dimanche dans les grands parcs publies, comme aux beaux jours du prin temps. Le bois de Boulogne, malgré les bour rasques récentes, surtout, profite d'agréa bles journées. Il connaît une foule plus dense qu'il n'en vit jamais, grâce au Métropolitain qui porte vite et à prix modiques les milliers et les milliers d'habitants des quartiers du Nord et de l'Est. Jadis le Bois était pour eux presque inaccessible par son eloignement, les fastidieuses attentes devant les bureaux d'omnibus et de tramways et le prix élevé du voyage. C'était toute'une expédition, longue, fatigante et coûteuse pour une famille ouvrière, c'est-à-dire pour ceux-là mêmes qui ont lé plus impérieusement besoin de grand air et d'espace après la dure semaine de travail à l'atelier. Le chemin de fer souterrain a soudain mis à la portée de tous les allées om breuses, les beaux arbres,, les grandes...