Extrait du journal

Et s'appuyant tendrement sur le bras de son fiancé : — Aimez-vous les voyages, Laurent ? r— Beaucoup. — Où irons-nous, lundi, lorsque nous se rons mariés?... Car je suis jalouse de mon bonheur et je veux le cacher à tous les yeux... Mon bonheur passera inaperçu auprès des étrangers tandis qu'il me semble que les per sonnes que jo connais m'en voleraient des parcelles, en le partageant avec moi... Déjà plusieurs fois, je vous ai interrogé, je vous ai demandé où vpus désiriez faire notre voyage de noces... Choisissez vous-même le pays qui verra le premier ma joie si fière de vous aimer, Laurent, mais choisissez-le, comme est mon amour; bien doux. — Je ne sais Jenny, je n'y ai point pensé encore. — Méchant ! — Du reste, je n'ai pas d'autre volonté que la vôtre. — Mais je ne veux pas qu'il en soit ainsi, Laurent. Maintenant, je ne compte plus, moi, je n'existe plus. Vousseul, vous voudrez, Vous ordonnerez et vous vous ferez obéir. Moi, mon Laurent, je vivrai à gonoux devant vous, passant ma vie à guetter vos désirs afin de les prévenir, sans vous donner le temps de les exprimer. Où. irons-nous, mon Laurent?... Moi, je connais un peu tous les pays du monde, car mon père m'a conduite partout avec lui.'.. Mais avant de vous avoir ren contré, je m'étais- dit que le jour où j'aurais rencontré celui que je devais aimer, le jour où je serais sa femme, j'irais cacher ma joie dans une ville silencieuse et mélancolique, toute pleine du charme des choses passées,...