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Le Petit Journal, 9 février 1890

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Le Petit Journal
9 février 1890


Extrait du journal

Le duc d'Orléans n'ayant pas le droit de pénétrer sur le territoire français, — il était inadmissible que le ministère suspendît en sa faveur l'action de la loi; Car la loi est formelle. . : Mais cette rigueur nécessaire a dû ena-' barrasser les.ministres obligés de la faire respecter ; eh venant réclamér sa place ' dans l'armée comme simple soldat, le jeune audacieux n'ignorait point que son cas devenait intéressant, que l'opinion se montrerait peut-être plus indulgente que la loi stricte, alors surtout que le Eéril d'une réaction monarchiste ne semle point imminent. Nous sommes certains que l'aventure laisse le pays fort indifférent ; mais elle autorise quelques réflexions pour l'ave nir-; elle montre" que la présence d'es prit estsouvent la première qualité d'un gouvernement. Regardons bien en face le fait insigni fiant que la presse grossit par le jeu na turel de son énorme publicité. Si cinq minutes après l'arrestation, d'ailleurs beaucoup trop tardive, du duc d'Orléans, l'ordre eût été donné de le re conduire à la frontière, l'affaire aurait paru ce qu'elle était en réalité, une sim ple équipée de la vingtième année ; per sonne ne songeait à la prendre au tragi que ou même au sérieux. Mais le prince se promène d'abord toute une journée de bureau en bureau avec une facilité inexplicable ; il frappe à. toutes , les portes, sans que la ma chine administrative s'émeuve autre ment que pour révéler une fois de plus la complication de ses rouages ; puis enfin on s avise de la présence de l'exilé, on le saisit, on le traite en prisonnier extraor dinaire, responsable d'un crime d'Etat ; on attend, pour prendre une résolution, que le conseil des ministres soit réuni. C'est trop d'insouciance au début, trop de précautions ensuite. Ce n'est plus,dès lors,le modestêcoup de tête d'un exalté, c'est un procès poli tique qui met l'accusé et le cabinet face à face, devant le texte de la loi de proscrip tion votée contre la famille d'Orléans. Arrivé à ce: point de gravité officielle, il n'est plus permis d'étouffer l'incident et de le traiter par le dédain. Ce qui était infiniment plus commode pour l'Etat et pratique pour tous. On se serait arrangé plus tard pour que la police fût plus en éveil, que le retour du duc d'Orléans et son séjour à Paris devinssent impossibles, pour n'être plus exposé à une surprise. Comme nous le disions plus haut le bon sens indiquait cette solution ; mais il y fallait plus de décision et de présence d'esprit. C'est une petite leçon dont il convient de profiter....

À propos

Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.

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