Extrait du journal

— Qu'est-ce qui vous fait penser cela ? — Madame embrassait souvent une petite miniature qu'elle regardait des jours entiers en pleurant; c'était , le portrait d'un jeune homme brun et joli garçon, qui portait un uni forme. —Vous ne l'avez pas reconnu cet uniforme? — Non. Madame dormait, le portrait avait glissé par terre; je n'ai pas osé m'approcher; j'ai vu des dorures et du rouge, voilà tout. —Gommentàvez-vousconnu Mme Lambert? • — C'est M. le curé, un jour qui est venu chez moi en sortant de sa messe, et qui m'a dit : — Catherine, vous cherchez bien une place, n'est-cë pas?v Je lui ai répondu que oui, mon pauvre dé funt m'ayant laissé des dettes qu'il fallait payer. Alors, il m'a expliqué qu'une jeune fem me, veuvè depuis peu et très souffrante, lui avait écrit pour lui demander une personne de confiance, capable de la soigner, et de s'occuper seule, sans être surveillée, des soins du ménage. Je remerciai bien M. le curé d'avoir pensé à moi ; il me donna une lettre cachetée, et me dit de veiller la petite maison du village, car il ne savait pas lui-môme au juste quel jour la jeune femme devait arriver. — Alors, le curé de Brionne a peut-être des renseignements plus complets sur le compte de Mme Lambert ? — Ça se pourrait bien, monsieur. — Venait-il la voir souvent? — Il est venu deux fois seulement. La veuve ne savait pas autre chose. Il n'y avait évidemment qu'une visite domi ciliaire chez elle, ou un entretien avec le curé de Brionne qui pouvaient donner les renseigne ments dont la justice avait besoin pour arriver à un résultat satisfaisant. Le magistrat ne pouvait pas hésiter, et,...