PRÉCÉDENT

Le Petit Journal, 10 janvier 1911

SUIVANT

URL invalide

Le Petit Journal
10 janvier 1911


Extrait du journal

' Ce fameux article 50 de la loi du 8 avril 1910 contre lequel je vous mettais en garde ces jours derniers, continue de faire par la France d'innombrables victimes et dp soule ver de véhémentes colères. Toute carte postale ou toute carte de visite portant plus de cinq mots est impitoyable ment ornée d'une mosaïque de timbres de surtaxe, et le destinataire, ou l'expéditeùr, est forcé de payer l'amende, de deux francs dix centimes fixée par la loi. . Jamais, semble-t-il, la poste ne 'mit tant d'ardeur à vérifier le contenu des cartes de •visite. L'administration, pressentant tout le profit qu'elle pourrait tirer de cette loi vexatoire, a, paraît-il, renforcé son personnel d'une légion d'employés qui ne font pas autre chose que compter le nombre de ùiots inscrits sur les cartes... Et les amendes de pleuvoir dru comme grêle. Si j'en juge par les plaintes que nos lecteurs ne Cessent'de nous adresser, à ce'sujet, de puis une quinzaine de jours, m'est avis que l'administration des P. T. T. aura dû réaliser un joli petit bénéîice. Et quelles merveilleuses ressources lui offre cette loi I Ce n'est pas seulement toute carte qui porte six mots et plus qu'on frappe d'une surtaxe : il suffit d'une lettre, d'un signe 'en plus des cinq mots permis, et en voilà pour 2 fr. 10. La chinoiserie administrative s'en donne à cœur joie... Voici une dame qui envoie à des amis une jolie carte artistique et fragile. L'ayant glissée sous enveloppe, elle ajoute une petite ficelle pour mieux la maintenir.., Or il parait que la loi du 8 avril 1910 interdit l'usage de la ficelle... La dame en a pour ses quarante-deux sous. . .Voici un monsieur qui envoie a un de ses amis sa carte pour le Jour de l'An. Comme le destinataire est marié,l'expéditeur glisse dans la môme enveloppe deux'cartes — ce qui est, comme vous le savez, admis par l'administration.r \ .. .. ■...- > Sur l'une de ses cartes il écrit î :« Respect tueux hommage » ; sur l'autre : « Souvenir amical », c'est-à-dire, en tout, quatre mots. Eh bien, le destinataire a payé l'amende. Il paraît que le règlement est formel : on a le droit de mettre cinq mots sur une seule carte, mais on n'a pas le droit d'en mettre quatre divisés en deux .cartes. ' Pourquoi ?...Mystère et stupidité administrative. Tout cela est idiot, yexatoire, abusif, mais quoi Ut Ça rapporte au budget... Et n'est-ce pas le but suprême de l'administration, de tondre le contribuable par tous les moyens — et de l'embêter par-dessus le marché ? Jean Lecoq. '...

À propos

Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • curie
  • paul deschanel
  • branly
  • brisson
  • gernez
  • cazot
  • abdul-hamid
  • rousseau
  • brillouin
  • jean lecoq
  • turquie
  • autriche
  • yémen
  • lille
  • paris
  • chambre
  • luxembourg
  • europe
  • france
  • roussillon
  • académie des sciences
  • sénat
  • f. t.
  • union
  • conservatoire
  • médiat
  • parlement