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Le Petit Journal, 12 février 1921

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Le Petit Journal
12 février 1921


Extrait du journal

Tout à l'heure j'ai vu des hommes qui apposaient fébrilement des affidhes blan ches au coin d'une rue. Je me suis ap proché, le cœur serré. Etait-ce de nouveau la mobilisation ? Non ! C'était la décla ration ministérielle du cabinet Briand lue aux Chambres le 3 février, que tous les journaux ont reproduite, et que tous les Français ont pu. lire à loisir au coin du feu, ou en prenant leur apéritif. Alors, que signifie cet affichage ? Quel est ce gaspillage de papier à une époque où le papier est au premier rang des pro duits dont on manque, quel est ce gaspil lage d'hommes et d'argent à un moment où l'argent est rare et où les hommes se raient si bien occupés à autre chose, ne fût-ce qu'à construire des maisons ? L'affichage des déclarations ministériel les et des discours à succès est évidem ment une coutume qui remonte à l'époque où les journaux étaient chose rare et chère réservée à quelques-uns et dont beaucoup de villages étaient complète ment dépourvus. Alors on comprenait cette façon de faire connaître les paroles importantes au public par le moyen de l'affichage ; on comprenait encore mieux la publication à son de trompe inscrite dans le Code, car il y avait beaucoup de gens qui ne savaient pas lire. Mais aujourd'hui, une pareille habitude ne se maintient que parce que c'est une habitude et qu'une habitude est plus difficile à déraciner qu'une dent. Songez que des étudiants ne peuvent pas faire imprimer leurs thèses et devenir docteurs faute de papier, et vous en employez des rames à afficher aux coins des rues des choses que tout le monde a pu lire ail leurs bien pjus tôt ! Et songez aussi à ceci, dont on ne parle pas quand on réclame l'économie de cet affichage : ces affiches sont toujours ap posées dans des endroits 'fort mal abrités du vent, du froid, de la pluie, du soleil. Les désœuvrés qui s'arrêtent pour les lire sont ainsi exposés aux -courants d'air et à tous les contre-coups les plus fâcheux des intempéries. Il y a, à coup sûr, dans les hôpitaux des gens qui y ont été amenés pour affections pulmonaires contractées au cours de ces lectures édifiantes mais meur trières. C'est pourquoi, si on ne se décide pas à renoncer à cette dépense ridicule, je demande du moins qu'on donne la mé daille du courage civique à ceux qui lisent ces 'affiches. Voir en 2e page : LA CRISE DU CHOMAGE à là Chambre et au Conseil municipal...

À propos

Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.

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