Extrait du journal
Toute la classe moyenne, la partie éclairée du peuple, vit avec satisfaction entrer à la cour une princesse dont l'ori gine et l'éducation libérale ne pouvaient qu'exercer une heureuse influence sur l'esprit delà cour. Vingt-cinq ans plus tard, lorsque les deux époux célébrèrent leurs noces d'ar gent, un écrivain rappela que c'était pré cisément dans les rangs dé laclasse bour geoise que l'union d'un prince de la maison de Hohenzollern avec une prin cesse anglaise avait rencontré de la sym pathie et il ajoutait : « Aujourd'hui en core la princesse impériale, en recueil lant ses souvenirs les plus intimes, peut percevoir un léger écho des acclamations .qui saluèrent si chaleureusement, il y a vingt-cinq ans, son entrée à Berlin». *** Mais il faut bien le dire, l'accueil de la part de la cour ne fut pas le même. Tout le monde comprit, dès le premier jour, que cette princesse britannique venait pour la première fois, depuis un temps immémorial,-d'introduire dans la famille royale de Prusse un élément nouveau. Le premier mouvement fut donc de la méfiance. La princesse de son côté ne crut pas devoir "faire d'avances. Sa ré serve fut prise pour du dédain; on la trouva hautaine et un fossé se creusa dès lors chaque jour plus profond entre la société et elle. Elle, ne s'en ; inquiéta nullement ; avec un flegme tout britannique, elle resta in sensible aux intrigues de cour et demeura étrangère à toute coterie. Depuis que la maladie de son mari a attiré sur elle l'attention, l'opinion publi que lui a été contraire. On lui en a voulu d'avoir appelé un médecin anglais et il fut un moment où on l'accusait ouverte ment d'être la cause de la mort de celui qui doit pourtant aujourd'hui à ses soins de ceindre la couronne d'Allemagne. #** L'impératrice Victoria est une des fem mes les plus instruites de son royaume ; c'est peut-être même la femme la plus savante de l'Europe. Philosophe, peintre, sculpteur, musicienne, architecte même à ses moments perdus, écrivain toujours, elle fait aussi de la politique et delà poli tique libérale et humanitaire. On com prend qu'elle ne puisse s'entendre avec M. de Bismarck. C'est à elle que son mari doit le déve loppement de ses goûts artistiques et lit téraires. Ne pouvant employer son activité dans le domaine politique, la princesse s'est retournée vers les questions sociales, et elle s'est adonnée tout particulièrement à l'amélioration du sort des enfants du peuple. C'est à son initiative que l'on doit les dispensaires pour les enfants, les bains de mer et les stations de vacances pour les pauvres petits qui vivent habituelle ment dans des logements malsains. Elle s'est occupée aussi des moyens d'augmen ter le gain des femmes et c'est à son in fluence que l'on doit le lycée Victoria de Berlin qui met les jeunes filles laborieu ses à même de se procurer des moyens d'existence. *** Malgré ces préoccupations paisibles, la princesse était trop intelligente pour ne pas comprendre que sa situation lui créait des devoirs. Elle savait, quand il le fallait, se révéler comme l'épouse du prince héritier de l'empire d'Allemagne....
À propos
Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.
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