Extrait du journal

Aux Armées, 13 Mai. -—Cettç (ois la bataille de vie ou de mort est engagée. Nos troupes sont au contact de l'ennemi, soutenant la résistance des nouveaux Alliés que la folie d'Hitller vient de nous donner. Ce n'est plus un poncif qu'il s'agit de vaincre ou de périr. C'est la pensée de tous les hom mes, de toutes les femmes, de tous les enfants de France. L'alanguissement, le petit émiettement des volontés dus à la lon gue attente de ces derniers mois, a disparu soudain. Il n'y a plus par tout, chez tous, que résolution, cou rage, confiance, certitude. Ah, le beau, pays et les bTaves gens 1 Sur le chemin qui me mène vers la. bataille, j'ai vu des familles évacuées hier et aujourd'hui, des villes, des villages les plus mena cés. Ils sont partis très vite, avec un pauvre baluchon. Tous très cal mes, très dignes, sans une plainte. Un vieux m'a dit : —- Il a fallu partir. Nous étions déjà partis en 1914. Mais cette fois, nous n'attendrons pas quatre ans pour revenir !...