PRÉCÉDENT

Le Petit Journal, 15 mars 1892

SUIVANT

URL invalide

Le Petit Journal
15 mars 1892


Extrait du journal

retour de Paris à Mantes coûtera moins de cent sous. On ira dans quinze jours de Paris à Brest pour 30 francs, toujours en troisième, à Nantes pour 19 fr. 55, à Bordeaux pour 38 fr; 50, à Toulouse pour 37 fr., à Lyon pour 25 fr., à Marseille pour 42 fr. 55, à Nice pour 53 fr. 60, à Menton pour vingt sous de plus, à Belfort pour 21 fr. 85, à Calais pour moins de 15 francs ! • Le voyage classique de Paris à Fontaine bleau se- fera pour 4 francs et quelques centi mes (aller et retour) ; celui non moins classique de Compiégne pour 6 francs et tant; celui de Chantilly pour 3 francs et 3 ou 4 sous, tou jours dans les deux sens. C'est vraiment pour rien. Pour aller à Orléans, un voyageur en troisième paiera le mois prochain 5 fr. 95. Il paiera 8 fr. 75 pour aller à Blois! C'est à se mettre voyageur pour le plaisir ! Il sera curieux de voir, ce que cette diminu tion considérable du prix des places va pro duire au tableau des billets circulaires, d'excursions et dé bains de mer, car tous vont subir la réduction proportionnelle. Je comprends maintenant que M. Marin, le di recteur de la Compagnie de l'Ouest, nous ait promis le bain d air pour tous, il y a deux ans, pour un délai qu'il qualifiait de pro chain! Ses trains du dimanche, de Paris à la mer, sont capables d'emmener les. Parisiens à Dieppe et de les ramener à Paris pour cent sous ! Moins peut-être ? A la bonne heure ! Si ces progrés continuent les Compagnies finiront par offrir une petite somme à leurs voyageurs pour les faire monter dans leurs trains. Encore un petit effort, et au lieu de donner 3 francs pour son ticket de Chantilly aller et retour, c'est le voyageur, ce bon voyageur, cet excellent voyageur qui recevra au gui chet de la Compagnie dû Nord un écu pour la peine qu'il prendra d'utiliser le matériel. Le voilà bien, le voyage de l'avenir! Par exem ple je vois trop la figure que ferait, avec ce genre d'exploitation, le bon actionnaire, cet excellent actionnaire... •** Si le 1er avril va' jeter sur les chemins de fer des milliers de voyageurs nouveaux ou plus fréquents, la période qui-nous sépare du 1er avril, par exemple, va être dure pour les Compagnies. On sent autour de soi les gens se recroqueviller, dans l'attente de la bien heureuse date. Combien vont différer de quinze jours, de huit jours le petit voyage qu'ils ont à faire, pour bénéficier des nou veaux tarifs? Je parie que pendant les der niers jours de ce mois, vous ne verrez per sonne dans les trains. Les wagons circule ront à vide, comme si nous étions en plein choléra. C'est le fossé fatal qu'il faut fran chir, c'est la pilule qu'il faut avaler. Cha cun se terre déjà comme le lapin, sous des prétextes divers, en réalité pour ne pas payer deux sous les petits pains gui, en avril, ne coûteront plus que cinq centimes. Mais au jour traditionnel du poisson d'avril, 'quelle avalanche de tickets nouveau modèle / Quelles erreurs de calcul involontaires der rière les guichets de mesdames et de messieurs les buralistes ! Quelle salade des anciens ta'rifs avec les nouveaux ! Détails insignifiants que touê cela! Comme on dit, ça se tassera vite, et il ne restera du trouble des premiers jours, .trouble inséparable d'une révolution aussi radicale, qu'un bienfait réel pour tout le monde en ce pays : voyageurs qui se mul tiplieront à l'infini à cause du bon marché, et actionnaires qui encaisseront, sinon tout de suite, du moins à bref délai. Car la loi économique des transports est rigoureuse : abaisser les prix, c'est élever la recette. Il n'y a que les employés qui ne vont pas être à la noce, avec le surcroît de travail que l'afflux des voyageurs nouveaux va leur procurer. Mais il faut bien espérer que,leurs administrations tiendront compte du zèle qu'ils vont déployer en cette circonstance. Il peut éviter des malheurs, l'encombrement de vant tout d'abord caractériser l'application de ces bienheureux tarifs. Sûrement on saura le récompenser. ' . Jean sans Terre....

À propos

Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • gaume
  • jean sans terre
  • geikie
  • chabert
  • desrousseaux
  • lenoël
  • lacazes-duthiers
  • bertrand
  • léon lalanne
  • daubrée
  • paris
  • bertignolles
  • verdun
  • tunis
  • france
  • orléans
  • chantilly
  • havre
  • courcelles
  • charleroi
  • la république
  • ecole polytechnique
  • société
  • forges et chantiers de la méditerranée
  • sénat