Extrait du journal

SANS doute est-il permis, particulièrement à ceux dont tous les fils iront au feu, d'accueillir sans fausse honte l'adoucissement d'un p.areil sursis. Mais un redoutable danger nous menace : oublier, avec ■ les réalités possibles ou certaines, les obligations actuelles de . la guerre. Si, depuis le Chef du gouvernement jusqu'au plus humble citoyen, chacun ne s'impose point cette idée fixe et ne lui obéit point heure par heure, le temps, qui est notre allié, ^e retournera contre nous. El ES L'EFFORT de prévision, d'administration, de production, d'entraînement ne saurait être ralenti. Bien plus, il faut le pousser aux extrêmes limites de la capacité humaine. Cet effort ne saurait être fourni à moins que l'on ne suscite et exalte la volonté de Clemenceau dictant l'autre Victoire. Cet • effort est d'autant plus malaisé à obtenir, à soutenir que la 'peine immédiate apparaît plus faible et la menace instantanée moins lourde. La stabilisation et le désœuvrement sont les pires adver saires des troupes de combat, des formations de l'intérieur, fies peuples mobilisés. Car les tentations grandissent à la mesure du péril suspendu et du répit accordé. La tenue individuelle et collective risque de se relâcher. Le cominandement risque. suîvant-I^xpre'ssron imagée d'un dô mes vieux chefs, de « s'embourgeoiser ». Les. unités s'installent et garnisonnent. On ressent moins intensément la grandeur des servitudes acceptées. Finalement, la discipline renforcée peut couvrir, camoufler un amollissement mortel. Le pays lui-même encourt un péril plus grave. Les autorités qui le dirigent n'ont pas, comme les chefs militaires, la vision et la connaissance constante des préparatifs de l'en nemi. Si l'alerte dans l'expectative se prolonge et se confirme, «lors les anciennes routines renaissent, alors l'assoupissement se généralise. Alors une sécurité fallacieuse s'établit sous la pro tection de l'état de siège....