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Le Petit Journal, 16 octobre 1914

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Le Petit Journal
16 octobre 1914


Extrait du journal

A PROPOS D'ANVERS La prise d'Anvers par les Allemands, fournit une indication précise sur la 'façon dont ils comptaient entrer à Paris. Ils n'ont pas cherché à investir la Ville,ils Vont forcée sur un point déterminé. Ils avaient'préalablement détruit avec leur grosse artillerie les forts qui, sur ce point, s'opposaient à leur passage. Ils y ont jeté ensuite des masses dé troupes et ont pénétré dans tes faubourgs de la cité, dégarnie de ses forces militaires, à la faveur d'un bombardement fou droyant, effectué par leurs obusiers. .< • Tel était le plan qu'ils avaient conçu pour la prise de notre capitale. Ils en tendaient s'en emparer de quinze à vingt jours après la déclaration de guerre. Nous sommes au soixante-treizième jour, et c'est s&r l'Escaut que se réalise la tentative qui devait s'effectuer sur la Seine. Cette simple remarque suffit à caractériser l'échec de l'état-major prussien. < Nous avons dit avec tous nos confrères l'horreur et J admiration que nous inspire la nouvelle épreuve subie par la Belgique et par son roi. Horreur pour la bande de brigands qui déshonore la guerre par les procédés abominables qu'elle emploie, admiration pour le peuple et le souverain qui ajoutent une page immortelle à F histoire glorieuse de leur nationalité. La monstrueuse violation du territoire belge, qui devait être garanti contre toute attaque par l'engagement solennel de ceux qui l'envahissent au milieu des ruines ,et des massacres, est déjà- marquée par des noms que rihn nieffacera du souvenir des hommes : Liège, Namur, Louvain, Malines, Aerschot, Anvers. Quelle sera la sûite de ces criminels attentats ? La violation de la neutralité hollandaise va-t-elle succéder à celle de la Belgique ? La canaillerie du gouverne ment dont le chéf a proclamé que sa signature n'est qu'un « chiffon de papier » permet de s'attendre à tout. Puisqu'il est convenu que, pour lui, nécessité, n'a pas de loi et « qu'on se débrouille comme on peut »,il n'y a pas de raison pour que les Pays-Bas échappent au sort de la nation voisine. On annonce déjà que l'Allemagne compté se servir. d'Anvers — quand elle f occupera complètement — comme d'une base dopérations' contre l'Angleterre. Cela suppose qu'elle se considérera comme maîtresse des bouches du fleuve dont l'accès sur la mer du Nord est surveillé par les fortifications de Flessingue. Que pensera de cette prétention la Hollande ? Permettra-t-elle cette atteinte portée à sa situation de pays neutre- et aux garanties, similaires à celles de la Belgi que, que lui assurent les traités ? - • Ce serait une Ulusion par trop naïve de s'imaginer que, dans une mesure quelconque, la puissance dont les armées ont dévasté le sol qu'elle avattjuré de respecter et, en cas de besoin, de défendre, reculera devant une agression semblable contre un autre peuple placé vis-à-vis d'elle dans les mêmes condi tions. Le: gouvernement de La Haye peut donc se trouver demain sous le coup des mêmes violences que le gouvernement de Bruxelles au moment de la décla ration de guerre. Suivra-t-il le même exemple et donnera-t-il à ses agresseurs la même leçon ? L'Angleterre n'est, pour sa part, que médiocrement impressionnée par les perspectives que lui ouvre la menace d'une action de la flotte allemande. J'ai déjà dit que le Times l'avait fait prévoir avant le passage de la Nèthe par les troupes prussiennes. Ce n'est pas cet événement qui modifiera l'état d'esprit unanime de la Grande-Bretagne. Il faudrait qu'il n'y ait plus un homme ni un shilling sur le territoire britannique pour qu'on-prenne son parti, à Londres, de Voccupation et ie l'utilisation d'Anvers par les Allemands. ; « Mieux vaudrait pour le Royaume-Uni périr que de permettre à l'Allemagne € annexer la Belgique et la Hollande, d'écraser la France et de vaincre la Russie » • disait dimanche, à Newcastle, le lord chanclier Haldane,- qui était, il y a moins de trois mois encore, partisan d'un rapprochement avec le gouvernement de Berlin. . .. ... - „ Voilà l'un des premiers effets de la chute d'Anvers. Il n'est pas poûr nous décourager, tant s'en faut. , S. PjCHON....

À propos

Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.

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