Extrait du journal

Ses larmes se tarirent brusquement et le regard de ses yeux, ordinairement si doux, devint sombre. Elle se dressa. — A quoi bon m'aimer ?— fit-elle d'une voix sourde, avec un accent d'amertume. — A quoi bon m'aimer puisqu'il ne peut Vous venir de moi que des chagrins ? — Ne vaudrait-il pas mieux dormir du sommeil de la tombe que d'être pour tous ceux qui me voient un sujet de pitié, sinon de raillerie...— Malheureuse enfant contrefaite, je ne puis faire naître d'autres sentiments que la compassion ou la moquerie! — Et pourtant j'ai un cœur... un cœur qui bat, qui s'enfièvre, qui s'irrite, en pensant à la joie, au bonheur de toutes les jeunes filles qui font naître la sympathie, l'admiration, l'amour, et qui« deviendront un jour d'heureuses mères de famille ! — Quelle est ma destinée, à moi? Quels rêves d'a venir mesontpermis?—Jene serai jamais qu'une infirme inguérissable ! ! Oui, vous m'aimez bien, je le sais! — Mais est-ce assez, quand on a vingt ans, que des ten dresses maternelles?— Et si j'aimais, moi, malgré moi? — Rien qu'à cette pensée, je frissonne! Oh! oui, je suis malheureuse... et mes souffrances sont au-dessus de mes forces, et je voudrais mourir !... Tout en parlant, Germaine s'animait, s'exaltait. Sa voix devenait rauque, ses yeux lan çaient des éclairs. Jeanne et Léa voulurent la calmer, rëncoufagér." 'L'eftîaûî comprit leur attitude....