Extrait du journal

vant était redevenu calme, impassible, sans un tressaillement. Seule, la pâleur de Pierre avait augmenté, tandis que ses yeux s'étaieîit entourés d'un large cercle noir. A Boulogne, le train s'arrêta et repartit cinq minutes après, sans que ni l'agent ni Pierre n'eussent bougé. . Il arriva à Amiens à cinq heures trente-neuf. — Voulez-vous'prendre quelque chose? "de manda l'agent à M. de Sauves. — Merci, dit celui-ci en ouvrant les yeux, je n'ai besoin de rien. — Vous avez tort ; nous ne nous arrêtons plus qu'à Paris, vous avez à peine mangé à déjeuner, vous ne serez pas maître de vos nerfs si vous demeurez ainsi. Croyez-moi, avalez un bouillon. — Comme vous voudrez, dit Pierre indiffé rent. L'individu se pencha à la portière. Il appela un garçon du buffet lequel à Amiens est situé presque vis-à-vis de l'endroit où s'arrête d'ordinaire le train de Calais. — Un potage, dit-il, et vivement. L'autre partit et revint en courant. — Pendant que M. de Sauves l'avalait..à la hâte et payait, l'agent prit le Figaro et le Pe-, tit Journal dans la corbeille de la marchande qui vient offrir les diverses publications aux voyageurs restés dans les voitures. Le train repartit. M. de Sauves reprit sa posture, étendu au fond du compartiment les yeux clos, le visage impassible. Seule une ride profonde creusée entre les ■ deux sourcils disait avec le léger gonfle ment des narines quelles étaient sa préoc cupation et son angoisse. -, L'homme do la police déplia le Figaro, le parcourut rapidement, surtout à l'endroit des...