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Le Petit Journal, 20 août 1919

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Le Petit Journal
20 août 1919


Extrait du journal

ploie une méthode qui porte bien sa marque. Tantôt elle_ frappe, tantôt e}le caresse. Douches froides, douches chau des, combinées non pas pour guérir, mais pour donner la folie. Pays où. le martyre prenait toutes 'les formes 1 Le bouclier de l'ennemi En juillet 1918, l'ennemi avait trans porté dans les villages près du front la population des villages plus éloignés. Il voulait faire de cette population un bou clier. Ainsi, à la fin d'3 la guerre, dl con tinuait à user des procédés effroyable ment lâches qui avaient déshonoré son entrée en campagne'. • Et les pauvres gens, évacués pour un martyre nouveau, continuaient à subir le martyre ancien, notamment le sup plice de la faim. Tout à coup, fios troupes arrivèrent. C'était la délivrance divine. Les pauvres •gens--crièrent - : « Vive la • France 1 » et se retirèrent sous les toits qui les abri taient tant bien que mal. Nos troupes se mirent en devoir de préparer leur repas. La flamme où bouillaient les mar mites était-elle trop vive ? Les cuisiniers songeaient-ils à la victoire plus qu'à la cuisine? Le fait.est que. quelques mar mites de haricots reçurent un coup de feu de trop. Comme les provisions ne manquaient pas, on remplaça les hari cots un peu brûlés par d'autres qu'on fit cuire plus doucement. Après le re pas, comme nos soldats allaient:jeter à terre le contenu des premières marmites, un officier dit : • —Peut-être cela pourrait-il servir à de bonnes gens pour leurs bêtes. Portez cela dans une maison voisine. Aux premiers pots de cette offre, de la maison voisine, puis de toutes les maisons du village, sortirent à ,ia fois, en un tragique silence, des enfants, des femmes,- des vieillards, tendant leurs mains tremblantes vers la pâture impré vue. A ce spectacle déchirant, l'officier et les soldats détournèrent leurs yeux pleins de larmes, on se disant : — Ah ! si n'oùs avions un... Pauvres gens aux nerfs brisés, aujour d'hui, la France sait. Elle n'oubliera jamais ce que vous avez souffert. Inutile de rappeler que l'immense ma jorité des Français, même sous le joug le plus déprimant, a été digne de la France. Ce qu'il faut rappeler sans cesse, c'est une constatation bien faite pour remplir nos âmes d'un légitime orgueil. Cette joie profonde nous a été réservée par les affaires de trahison qui met taient au jour le plus d'ignominies. Pas un seul enfant de France n'y a été impli qué. Maint témoin appelé à la barre a confirmé, sans être interrogé là-dessus, spontanément, par 'là force même de la vérité, ce que nous avons entendu dire maintes fois dans les pays martyrs du nord et"de l'est : — Tous nos enfants connaissaient nos secrets. Ils savaient tous où se cachaient nos soldats fugitifs. Cependant, malgré les menaces et les promesses, aucun d'eux n'a laissé échapper un mot im prudent. Aucun .d'eux I Chers petits Français qui. en face de l'envahisseur, avez porté haut le nom de la France, vous; grandirez pour la ré surrection de votre terre natale. Quelle faute la France commettrait, en ne veillant pas sur ces enfants avec la sollicitude qui s'impose ! Emile HINZELIN....

À propos

Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.

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