Extrait du journal

Personne.,. D'Àublincourt se grisait de cette pensée ; il était débarrassé de son ennemi... et on ne le soupçonnerait jamais... jamais... Dans la vaste salle, étincelante sous ses lumières, ses ors, ses peintures, une enfant venait d'entrer, formant taohe par ses vête ments misérables. La tête nue, les épaules couvertes - d'un méchant fichu en loques, elle parut heu reuse, ravie, à la tiédeur soudaine de là salle contrastant avec l'aigre bise qui, de hors, mordait sa jeune chair par les trous de sa robe lamentable. - Comme c'était beau, ici 1... Gomme il y faisait bon et chaud !... Elle s'arrêtait près de la porte d'entrée ; ses larges yeux noirs s'ouvraient démesuré ment, éblouis de tant de luxe. Puis, à la question d'un garçon, mena çant de renvoyer au trottoir cette petite vagabonde : — Mais je viens vendre des fleurs, mon sieur... dit sa voix triste, au joli timbre d'argent. Et la fillette montra un panier plein de roses qu'elle portait sous le bras couvert d'une serviette. La petite marchande de fleurs s'avança alors, et circulant de table en table, offrit à chacun son éventaire parfumé. Radieuse, elle voyait s'enlever les roses roses aux pâleurs exquises, les roses rouges aux reflets de velours et de sang, les roses thé aux gammes nébuleuses. _ Les boutonnières des habits noirs s'étoilèrent d'une fleur claire ou sombre. Et les corsages se piquèrent des poétiques et or gueilleuses corolles dont chaque pétale apportait avec sa capiteuse senteur, un...