Extrait du journal

Quand on aura donné, sur la catastrophe qui vient de détruire la principale usine "de la Badische, les détails statistiques les plus circonstanciés; quand on aura appris aupublic que, 253 chimistes, 375 ingénieurs et 14.500 ouvriers, travaillant autour de 259 chaudières et de 481 machines à vapeur disposées dans des bâtiments occupant une superficie totale de 65 hectares, produisaient annuellement à Ludwigshafen et? Oppau 95.000 tonnés de produits chimiques divers; quand on aura rappelé que le capital social de l'entreprise est de 252 millions de marks depuis janvier 1920 on . n'aura donné qu'une idée tout à fait insuffisante des répercussions réelles de Fexplosion. Ën fait,- un puissant .moyen de travail in dustriel est supprimé pour de longs mois, peut-être pour de longues années et, en se plaçant au seul point de vue allemand, c'est là une perte extrêmement dure. Toute l'activité économique d'outre-Rhin était plus ou moins tributaire des multiples fabrica tions réalises à la Badische. Industries tinctoriales, industries minières, industries" métallurgiques, exploitations agricoles vont souffrir à des titres divers et les ruines s'accumuleront dans toute l'étendue du territoire«allemand, parce que la Badische est détruite. Quant aux possibilités de guerre, que d'aucuns persistent à redouter, l'explo sion les diminue momentanément parce que le grand centre allemand de préparation des nitrates et'des gaz asiphyxiants ne saurait être rapidement reconstitué. Est-ce à dire qu'en se plaçant maintenant au seul point de vue français, il faille s'en réjouir, abstraction faite, évidemment »des pertes de vies humaines que la plus élé mentaire convenance oblige à déplorer? Répondre à cette question par l'affirmative serait méconnaître le rôle tenu, au point de vue scientifique, par les laboratoires de la Badische. Une affaire qui atteint un aussi prodigieux développement cessé d'êtVe à proprement parler l'Affaire d'un seul pays, pour devenir vraiment une affaire mon diale. La Badische était d'abord, et peut-être avant tout une usine allemande ; ceci est hors de doute. Mais elle avait créé, elle im posait et elle perpétuait dans l'industrie chimique du monde entier.des méthodes de travail fécondes qui suscitaient partout une heureuse émulation. -VW L'usine comportait un triple personnel technique ; à la base, s'il est permis de s'exprimer ainsi, des ingénieurs et des chimistes « d'exploitation », chargés de fabriquer, de produire, de contrôler, de faire, en un mot, gagner immédiatement de l'argent à l'entreprise. Au-dessus d'eux, de nombreux spécialistes pour suivaient des travaux théoriques dont, un jour ou l'autre,, quelque application pratique pouvait être susceptible de...