Extrait du journal

POUR LES FUMEURS Tous ceux qui fument — et c'est la grande majorité, quels que soient les efforts des socié tés contre l'abus du tabac — ont eu, au moins un jour, un mouvement de mauvaise humeur contre la Régie. C'était un cigare trop serré sur lequel ils s'épuisaient vainement, ou un autre dont les feuilles mal comprimées se déroulaient avec obstination. Et pourtantj il est des cigares qui passent pour être bons et dont la fabrication est de fait beaucoup plus soignée— Nous ne parlons bien entendu que des cigares bon marché — ce sont les >< sénateurs » et les « députés ». Seulement ces cigares ne sontpoint dans le commerce, et, partant, demeurent le lot de quelques privi légiés. La Régie, en effet, s'est réservé la vente directe et en boîtes de ces cigares et a fait dé fense aux débitants de les détailler. Ceux-ci, trouvant la mesure injuste, ont donc résolu de demander à la direction des tabacs de revenir sur cette interdiction. Leur chambre* syndicale a fait parvenir leur requête au direc teur des manufactures de l'Etat. — Chaque jour, nous disait, hier, un des membres de cette chambre syndicale, des clients nous demandent des « sénateurs » etdes « députés » que nous ne pouvons leur four nir, puisque défense expresse nous en est faite. Pourqupi'? Les raisons ne m'en ont jamais net tement apparu, car ces cigares, qu'on ne veut pas nous vendre à nous, la manufacture pari sienne du quai d'Orsay les livre aux particuliers. C'est donc une concurrence directe que nous fait la Régie. Et comme « sénateurs » et« députés » passent, à juste titre, pour meilleurs que les cigares du mèfne prix que nous avons en vente, il est évident que les personnes qui le peuvent leur donnent la préférence. A cette question spéciale, les débitants de tabacs en ont joint une seconde. Ils demandent également l'autorisation de détailler certains...