Extrait du journal

Se la Garonne an Finistère, De la Seine aux Alpes, le froid,, " Tyrannisant toute la terre, Sègne comme un terrible roi. ' v Sa griffe noire nons transperce.'; v L'air siffle ; le soleil s'éteint ; . Le toît s'écroule ; et l'on traverse:1 A pied le canal Saint-Martin. lies montagnes et les valléeâ Gèlent du matin jusqu'au soir ; Ce n'est qu'avec de l'eau salée . Que l'on peut laver les trottoirs ; Chacun va, cherchant quelque flamme Dans la braise ou dans la liqueur, Et le gaz lui-même réclame XJn peu d'alcool pour son compteur. A Spa, la neige, d'heure en heure, -Be. chaqno train brise l'effort ; A Venise, les pigeons meurent ; A Paris, les moineaux sont morts ; On ne voit plus une hirondelle ; On ne voit plus- un moucheron ; Xe cidre éclate ; et le vin -gè}®Sans les caves des vignerons ; la rivière, qui dans, ses brises Entraînait bateaux et chansons, N'est;plus, silencieuse et grise, . Qu'un passage pour les glaçons ; Le ruisseau, qui fit dès fredaines Sort sous des grêlons rapprochés ; Les loups forestiers des Ardennea Redescendent vers les clochers. • Les. cygnes, qu'aimait Lamartine, -Sans le Nord tombent comme exprès Pour rencontrer la chevrotine D'un cruel chasseur do marais ; On a dû fermer les écoles ; Les objets-s'échappent des mains ; S fait si froid que la parole Semble se geler-en chemin ; Le }?avé des rues se soulève ( , Tout est- désert et désolé ; H fait un tel froid que le rêvet Se gèle au lieu do s'envoler ; Et le thermomètre en folie, Qui gouvernait les braseros, Gèle lui-même en Sibérie . ' D'avoir marqué tant de zéros I ■ ■ l'investit 1 Et dont lo grànd laboratoire Voit les infiniment petits, En voyant se geler nos lobes, Comprend, que c'est l'instant cherché Par la malice des microbes ; C'est pourquoi,-pour les empêcher Se se jeter à notre tête, Il préconise de son mieux, Pour les dames, une voilette, Et des masques pour les messieurs. H -est une méthode encore ; Venant de la Suède, je crois, :Qul nous ' conseille, dès l'aurore, Se sortir et, parmi le froid, Sans qu'un manteau nous accompagne, S'aller, à peine réveillés, - Marcher, à travers la campagne, Pieds nus dans les ' gazons mouillés. On nous dit : « Doublez vos fenêtres. Prenez des bains dans du houblon. . Buvez du rhum. Mettez ' des guêtres. Courez en: levant les talons. » On nous dit : « Quand le froid camoufle Tout d'une housse de cristal, Jetez vos gants. Portez des moufles . Et roulez-vous dans un journal. » Et d'autres choses, pour cfu'on puisse Peut-être enfin perdre ^esprit : «s S'il neige, partez pour la Suisse... ■ S'il gèle, restez à Paris ! »...

À propos

Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.

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