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Le Petit Journal, 25 décembre 1937

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Le Petit Journal
25 décembre 1937


Extrait du journal

Six pages d'un jugement de condamnation, mille francs d'amende! Voilà certes, un présent sans banalité. Ma petite fille faillit en étouf fer de joie. Elle paraît, il est vrai, tout ignorer de la procédure et des chiffres. . Heureux âge ! Quand vous m'avez réservé l'honneur de comparaître devant vous, je vous ai dit toute ma foi dans votre indépendance et votre intégrités Combien j'avais raison. Rien n'a pu effleurer la sérénité de votre conscience, ni les déclarations du colonel de la Rocque, ni les souve nirs politiques que j'ai évoqués; ni les arguments, ni les témoignages, . ni le feu d'artifice de la défense. Vous êtes demeurés de marbre. Impénétrables et glacés. Contre tout ce que nous pouvions croire et dire nous étions, nous sommes encore des ligueurs et des factieux. Mon sieur l'avocat de la République, puisant dans les profondeurs du dos sier, vous en a administré la preuve avec quelle autorité et quelle per tinence. A des magistrats de votre qualité cela devait suffire. Cela a suffi. Vous avez condamné. Nous voici donc par vos soins au ban de la République. C'est une < dure épreuve. M. le garde des Sceaux, lui-même, Gascon sans rigueur, m'en a paru tout attristé. Le président du Conseil aussi. Mais cela vous importe peu, n'est-ce pas ? Nous l'aimons tant, notre République. Dç l'avoir défendue un jour, il nous reste encore quelques cicatrices et un peu de fierté. Nous pensions pouvoir la servir encore. Hélas ! âvec notre cher ,P. S. F., nous voici hors la loi. Mais, ail fait, est-ce bien cela que vous avez voulu ? Pendant ces " trois audiences, il m'est apparu à certains signes, à certaines nuances, que vous ne lui marquiez pas trop de rigueur, à notre jeune parti, et quand j'ai poussé l'audace jusqu'à vous inviter, Monsieur le Président, à une de nos réunions, j'ai senti, dans la nécessité de votre refus, comme une pointe de mélancolie. En ce jour de fête, je m'en voudrais de la moindre ombre sur votre conscience ou votre cœur. Aussi, j'ai hâte de vous rassurer. Jamais le Pi S. F. ne s'est mieux porté. Contrairement à tout ce que nous pou vions attendre, il subit votre excommunication avec allégresse. Depuis l'arrêt fatal, des milliers et des milliers de Français, jusqu'à ce jour hésitants, se pressent dans no.s rangs de factieux. Nos pennanences sont envahies, nos secrétariats débordés, nous avons, dès hier, épuisé toute notre réserve de cartes d'adhésion. Et, comme je sais bien qu'au fond tel est votre désir, dans cette nuit de Noël, tout près du berceau où mon enfant dort parmi les anges, Messieurs les juges, une fois encore, et de tout mon cœur, merci. '...

À propos

Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.

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