Extrait du journal

ME laissez pas dire autour de vous que « l'arrière » a mau vais moral. L'adversaire, qui sait écouter, entendrait cette accusation et l'utiliserait au mieux de sa propa1 «jandé. En dehors de la zone de combat, le pays entier vers sep tembre et octobrei a vibré d'un seul cœur avec vous. Vinrent (es jours d'immobilité. Supposez que Vous ne viviez pas à por tée de l'artillerie, des mitrailleuses allemandes. Supposez qu'à chaque instant vous absorbe le souci du labeur et du budget quotidiens. Supposez que vos seuls renseignements sur le front se bornent à des « rien à signaler », à des « accrochages de patrouilles » (et que voulez-vous que le Commandement annonce quant à présent?]. Supposez que les raids aériens de l'ennemi se fassent rares et vous survolent trop haut pour être vus, sans bombardement. Alors, vous seriez comme « l'arrière ». Vous n'auriez pas « mauvais moral » : vous auriez tendance à oublier la menace, à vous endormir. nu OR, cette somnolence constitue actuellement, si l'on n'y prend garde, la meilleure alliée de l'ennemi. Qu'y faire ? Compter sur vous pendant vos per missions de détente ? Illusion. Méconnaissance du soldat. Mettons les choses au mieux. Vous voici à votre domicile avec les dix jours normaux. Peut-on raisonnablement espérer que, durant un si bref délai, vous redresserez le soi-disant « mauvais moral » dé votre entourage ? Et, nous maintenant dans le cadre de la réalité, pouvons.nous concevoir que vous trouviez les mots, les attitudes, capables de maintenir cet entourage en alerte après votre départ ? Soyons sincères. Je n'attends pas beaucoup de votre action stimulatrice, pendant ces dix jours. Je crains davantage vos ' récits « là-haut », lorsque vous y serez revenus. « ....