Extrait du journal

porte de fortifier la vérité offensée, de re mettre en bon ordre la conscience publi que, d'éclairer et de raffermir les esprits simples et faibles. Ainsi dernièrement, dans un journal, d'ordinaire sérieux, le Temps, un écrivain trouvait plaisant de faire le procès à la prévoyance. Nul n'oserait aller jusqu'à proscrire, comme un esprit fatal, l'esprit de pré voyance; mais on exalte l'esprit contraire, qui lait le charme des prodigues, des vi veurs,dès bons enfants,desRoger Bontemps. Mais, au fond, les joyeux fils d'Epicure, tout en célébrant ces grâces aimables de l'imprévoyance, seraient, à ce que nous apprend leur histoire, les gens du monde les plus tempérants et les mieux réglés, à commencer par notre sage Béranger, ce type de l'homme bon et généreux, raugé, sobre et de parfaite économie. C'est que pour avoir le cœur gai, le cœur franc, le cœur vraiment bon, la première condition est une vie réglée. La vie précaire, inquiète, misérable, rend l'homme triste, faux et même méchant. Contentement, passe richesse, dit un vieil adage. Mais encore faut-il avoir le conten tement? Et qu'est-ce qui donne le conten tement, sinon l'esprit de prévoyance, qui détermine l'ardeur au travail et ies habitu des sobres et régulières? Sans prévoyance, on ne vit pas, on végète, on se débat dans une lutte énervante, jus qu'à ce que mort s'ensuive ; et si l'on est chef de famille, ce n'est pas seulement un suicide, mais on tue les siens à coups de misère; et c'est un double crime....