Extrait du journal
CHOSES PÉRIMÉES... par lu ROCQUE ■ ES terribies inconnues de nos lendemains ne doivent pas I nous faire perdre de vue les aspects immédiats de la situaL* tion présente. Parmi ces aspects, il en est de redoutables, de grandioses ; il en est d'autres qui, pour être secondaires, ne correspondent pas moins à la réalité. Je voudrais livrer aux méditations de nos lecteurs trois petits faits caractéristiques. Ces trois faits, prolongements d'un passé révolu, sont riches de leçons. * <♦ * J'AI reçu, voici quelques jours, cette lettre d'un hobereau (sui vant l'expression même de mon correspondant) : « Dans un récent article, vous avez reproché à divers Français leur satisfaction de voir cesser .le « nivellement: par Je bas ». N'est-ce point quelque peu démagogique ? Le pays a besoin d'ordre, s'il veut renaître. L'ordre consiste à rétablir toûtës les hiérarchies^ Qui dit hiérarchie sous-entend décalage entre les différents échelons. Nous autres, successeurs des anciens propriétaires terriens, nous avons hérité d'une pro priété séparée du village : cette séparation avait son sens. Nous devons être, au besoin, les protecteurs de ce village. Nous ne devons pas nous mêler à la population. Nous conserverons de la sorte notre prestige intact et, au moment dangereux, on nous acceptera d'autant mieux, comme guides. » Ce « propriétaire terrien » me paraît confondre le temps des fermiers généraux, des apanages et des bénéfices avec le temps de la chevalerie d'où sort, dans sa pureté^ la. tradition des élites. Si, jadis, les châteaux-forts étaient distants des villages, c'était afin de mieux veiller sur ces derniers, afin d'offrir un éventuel refuge aux paysans désarmés et menacés : telle était, en fin de compte, la protection suprême. Il s'agit de servir en guidant, de guider en servant. Si mon correspondant s'imagine trouver une influence utile dans son éloignement systématique des agriculteurs, des artisans, des ouvriers voisins, alors il prononce lui-même sa mise hors la vie. Et il n'a même plus l'espoir de rattraper l'ascendant perdu grâce à des promesses électorales. Il est d'un autre temps. ❖ ❖ ❖, . UN « ancien chef de cellule » m'a écrit. D'après lui, « ce reflux de bourgeois chassés des villes par la crise de leurs « industries ou la chute de leurs revenus ne mérite pas la « sympathie du peuple. Ces gens ne savaient rien du prolétariat. « ils demandent presque, maintenant, l'appui du prolétariat et « voudraient bénéficier, comme lui, des secours de la collecti« vité. Nous n'avons rien à faire avec eux. S'ils se sont réfugiés « ici, croit-on vraiment qu'ils n'aient pas emporté dant I# dpM" « ble foritf de leurs valises (sic) quelques gros billets ? Et; Vil» « ont tout perdu, c'est pour avoir fui en abandonnant derrière « eux les sans-auto. » . Cet « ancien chef de cellule » me paraît être en congé plu tôt qu'en retraite de la 111° Internationale... Depuis de nombreuses années, la France s'est tenue à l'écart : de l'évolution mondiale. Chacun a prétendu rester sur la position acquise, position d'égoïsme, position revendicatrice, position de malveillance. Petit à petit d'abord, puis avec une vitesse accrue, ces positions se sont effondrées. Leur effondrement a donné lieu à ce brassage des classes que, dès 1.934, nous définissions dans « Service public »; La différence entre les* « prolétaires » et les autres n'était désormais, caractérisée que par une plus ou moins grande instabilité du logis et des ressources du foyer. Querelles iniques et désuètes aux heures de détresse nationale. g a 1ER, le car automobile allait se mettre en route de Clerfr>™| mont-Ferrand vers Montluçon. Alors que toutes les pla1 1 ces assises étaient déjà occupées, deux femmes entrèrent, chargées de bagages, l'une d'elles atteignant déjà aux confins de la vieillesse. De nombreux passagers, civils et militaires en combraient les banquettes. Nul d'entre eux ne se leva. L'un d'eux murmura même, sur observation du conducteur, que « ces anti ques politesses n'étaient plus de mise ». La nation tout entière est souffrante. Les facilités excessif vss de ces vingt dernières années n'ont plus cours ; ces facilités avaient oblitéré bien souvent la notion d'entr'aide ; elles avaient parfois donné d'identiques moyens aux plus fragiles et aux plus robustes. Si nos épreuves remettent en honneur les coutumes « antiques » de la politesse française, ce sera au bénéfice de l'honnêteté civique et familiale. ■ Et cette restauration des vertus de notre race formera peutêtre l'une des bases les plus sûres de la « Révolution nationale »....
À propos
Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.
En savoir plus Données de classification - darlan
- marine
- auteuil
- maréchal de france
- paderewski
- pétain
- boisson
- alibert
- ignace pa
- dakar
- vichy
- france
- clermont-ferrand
- londres
- atlantique
- paris
- indochine
- canada
- afrique
- cour suprême
- afrique occidentale française
- institut de la recherche scientifique
- conseil de cabinet
- académie des sciences
- ins
- p. j
- havas