Extrait du journal

tard : « Quels ont été te# sentiments ? As-tu pensé à nous ? » • — « Très peu, me répondit:ù,vje me suis dit : Je vais mourir, qu'est-ce que la mort ? Comment meurt-on ? Ni crainte ni regret, rien qu'un sentiment de curiosité ». Le troisième, Louis Besson, est mon fils. Embarqué sur la République, il fut réveillé à la première alerte. Il monta sur le pont, à peine vêtu, fit embarquer les premiers venus dans un canot, et se dirigea vers l'avant de la Liberté,où une centaine d'hom mes étaient bloqués par les flammes, qui. sortaient en arrière d'eux, à pleins sabords. Il leur cria : « Jetez-vous à l'eau, le bâti ment va sauter ! Ces hommes étaient si dé-. rés et ne bougèrent pas. Un quartier-maître lui répondit d'un air découragé : « Il n'y » a plus rien à faire, l'eau du tuyautage » d'incendie ne vient plus !» Il y avait là un blessé ; mon fils monta à bord par la chaîne du corps mort ;■ il se fit clinguar et descendre dans son embarcation. Il redes cendit par lia chaîne en engageant les mate lots à le suivre, quand l'explosion se pro duisit. Il fut projeté. Quelques minutes plus tard, il était recueillj flottant sur l'eau,, évanoui, un débris d'aviron passé sous le bras. Tous les hommes da son canot avaient péri. Lors de sa visite êi l'hôpital de SaintMandrier, le Président de la République, avec une affabilité parfaite, lui remit en ma présence, la croix de la Légion d'honneur. Le baiser qu'il lui donna, fut le baiser de la France à un" de ses courageux enfants ! Vice-amiral Besson»...