Extrait du journal

R, l'apostrophe du maréchal Foch, en 1917, n'a jamais été f 1 mieux applicable : « Qu'est-ce que vous faites> vous ? » Aucune mesure officielle ne sera suffisante si elle ne s'appuie sur l'effort constant, inlassable de l'unanimité populaire. Il ne suffit pas d'expédier aux siens le maximum permis de colis hebdomadaires et mensuels. De nombreux foyers souffrent déjà de la misère et du chômage : les rigueurs de l'hiver vont encore aggraver cet état de choses. Et le cas est fréquent de ceux qui ne savent pas encore de manière certaine où adresser lettres et paquets. Je voudrais que chacun, pourvoyant aux besoins de son pri sonnier, éprouve la volonté de servir aussi les autres. Je voudrais que, dans la détresse infinie de notre malheur, dans le travail acharné pour notre rénovation, chacun obéisse à' ce sentiment de l'unité française faute duquel tant de sacrifices, tant de peine resteraient pour jamais inutiles. Nous savons qu'au milieu de leur détresse, les chers absents pratiquent, avec une indispensable solidarité, l'entr'aide récipro que. Cette entr'aide réciproque doit puiser son aliment, trouver sa réplique sur le sol natal. Y aurait-il des Français et des Françaises qui, disposant des moyens nécessaires, s'affranchiraient de toute contribution en faveur des prisonniers sous prétexte qu'il n'en est point dans leur entourage immédiat ? Y aurait-il chez nous des hommes, des femmes repoussant l'idée que leurs largesses profitent à des incon nus ? Qu'un tel égoïsme, en tous cas, n'invoque point l'alibi de l'ignorance : les services de notre « Petit Journal » (1) se char gent d'indiquer à toute personne généreuse l'emploi de ses dispo nibilités au bénéfice d'un ou plusieurs captifs. ....V .. *<>.» : . ' G ETTE foule douloureuse — quand elle reviendra — portera en elle une expérience émouvante de la fraternité dans la peine; Puisse-t-elle posséder aussi la certitude éclatante que nul d'entre nous n'aura commis à son égard le crime d'indif férence ou d'oubli. Dans leurs camps, hommes de troupe, sousofficiers^ généraux mêmes auront connu d'identiques privations. Ils devront être, certains que, sur la terre française, riches et pauvres, se seront « languis » de leur éloignement et auront mis toutes leurs ressources en commun au service des frères et des enfants exilés. C'est une question de patriotisme, d'esprit social et de charité. C'est une question essentielle d'intérêt général car le retour des prisonniers sera l'un des événements décisifs de notre histoire prochaine....