Extrait du journal

Si voiis voulez, respectable seigneur,... .Rasoa, c'était sa femme, et j'acceptai, heureux de faire la dînette à la malgache. > . 'On nous servit d'abord du riz cuit a rétuvée, assaisonné de petits poissons secs >et de crevettes d'eau douce — car, à Madagascar, il y a des crevettes d'eau douce, et je signale ce fait à l'attention des amateurs d'histoire naturelle. Le riz ne sentait pas grand'chose, mais les pe tits- poissons étaient savoureux, et les crevettes supportables. Je félicitai Mme Rasoa. Alors, avec un sourire de fierté, elle apporta sur ma table une assiette pleine de petites choses frites à la graisse : des petites choses, je vous dis, longues comme! mon petit doigt et assez appétissantes. J'en tâtai. Cela me parut crémeux, avec un arrière-goût singulier," comme de feuilles, verte?. Ce n'était pas mauvais, après, tout, il. se faisait tard, mon estomac criait famine : j'en avalai une douzaine sans sourciller. Puis j'eus l'imprudence de demander : — Qu'est-ce que c'est que ça, petite Rasoa ? Elle me répondit, d'un air ingénu : — Comment, tu ne connais pas, tu n'en as jamais mangé dans ton pays ? Mais ce sont des vers à soie, voyons I ...Il paraît qu'il y a des personnes à qui la, seule idée qu'elles pourraient bien avoir mangé du chat, et non du lapin, donne le mal de mer. Je vous assure ; que les vers à soie m'ont produit le mê' me effet. Rasoa en était scandalisée. Voilà pourquoi je vous dis que, dans la cuisine exotique, il est indispensable i de faire un choix ! Pierre MILLE....