Extrait du journal

— Vous avez peut-être raison. — J'ai sûrement et absolument raison, Alphonse. Mais nfe vous ai-je pas déjà démontré que vous devez agir de telle sorte qu'il ne se fasse aucun bruit autour de votre nom? — Après ? fit flegmatiquement le baron. — Au lieu de tenir compte de mes re commandations, vous accumulez comme à plaisir imprudences sur imprudences. Vous êtes criblé de dettes ; ce qui vous reste de votre patrimoine est grevé d'hy pothèques et, s'il vous fallait liquider vo tre situation, il ne vous resterait pas ies habits que vous avez sur le corps. Voyons, n'était-ce pas assez des pour suites constamment airigées contre vous et auxquelles vous n'échappez qu'à l'aide d'ingénieuses combinaisons, sans ce duel retentissant qui réveille contre vous de vieilles colères endormies. Vous êtes blessé; ce n'est que demi-mal; mais si vous aviez tué votre adversaire? — Pour ces sortes de délit, la justice est indulgente. • — Soit; mais une enquête judiciaire est toujours dangereuse quand on a dans son passé certaines choses à cacher. Le baron fronça les sourcils et répliqua d'une voix sourde : — Pourquoi venez-vous réveiller des souvenirs que vous avez intérêt autant que moi à laisser dormir ? — Pour vous faire comprendre qu'une de vos imprudences peut nous perdre. — Depuis cette affaire,dix-huit années se sont écoulées. — C'est vieux, en effet, mais il n'y a pas...