Extrait du journal

Décidément, c'était"la solitude absolue,: parfaite. - , . La jeune fille vint jusqu'à la plage de sable, à peine limitée par le boulevard qu'on y a tracé. Elle mouilla dans les flots bleus la pointe de ses bottines. - . Un instant elle s'oublia à contempler le merveilleux panorama. Des. pierres de taille étaient entassées à quelque distance. . . Une villa commençait à sortir de ses fon dations. Les maçons, paresseux comme on l'est sur l'heureuse rive, avaient pris ce jour de congé. A ce,tte heure, ils devaient s'en don ner à cœur joie de lancer à la pelle les pe tites dragées de plâtre, eux, les gâcheurs de mortier. Isabelle vint vers une pierre dure et s'en fit un siège. ' ; Alors, abritée sous son ombrelle rose, elle s'abandonna,au rêve. Et le rêve vint à elle, caressant, berceur. Il l'emporta au-dessus de 1a terre. Ce fut le vertige de l'infini, l'incantation d'une extase. Il sembla à la jeune fille qu'il lui venait des ailes. Ces ailes, elle les ouvrit et prit son vol sur la mer. Elle y plana, très haut, embras sant d'un coup d'œil la côte, toute la terre, qui lui parut toute petite. Et soudain, elle ne la vit plus. Elle était entrée dans un monde nouveau. Oui, il était nouveau, ce monde sans étroitesse, sans pesanteur. Des fleurs et des verdures l'ornaient et l'embaumaient, fleurs étranges, verdures prodigieuses comme elle n'en avait jamais vu. Isabelle vivait d'une Yie si intense, si...