Extrait du journal

m'ouvrit çt m'introduisit- dans le salon ; je lui remis ma carte en ajoutant, sous mon nom, ces mots : « Le Français du 28 août 1870. « La domestique passa dans une autre pièce, et j'entendis cette exclamation : « Lui 1 oh 1 quelle surprise 1... Faites en trer tout de suite. » Je pénétrai dans la chambre, et j'aperçus, dans un large fauteuil, au milieu d'oreillers moelleux, un homme pâle et défait' qui, en me voyant, se souleva, poussa un cri et re tomba sur son siège. Alors il me tendit les bras d'un geste affectueux et empressé : « Vous I fit-il ; oh ! que je suis heureux 1 » Puis sans me donner le temps de parler, il pour suivit : « Excusez-moi de rester assis ; c'est cette satanée balle ; elle est tou jours dans les reins ; elle me tue à pe tit feu, la coquine 1... Vite, Catherine, prévenez madame, m& mère, mademoi selle ! vous direz que c'est le Français, vous savez, mon sauveur !... » La servante ne fit qu'un bond et je fus entouré de toute la famille. Comment dépeindre cet accueil si cor dial de gens qui m'aimaient sans me connaître : « Oh ! monsieur ! disaientils,grâce à votre grand cœur si humain, si généreux, vous nous l'avez conservé, il vous doit la vie !» Il me devait la vie ! lui ! Mais quelle vie, hélas I Ah I s'ils avaient su que ce plomb meurtrier qui le martyrisait ve nait de moi ! Que c'était moi l'auteur de sa souffrance et de leur peine ! Quand ils apprirent que je prenais deux mois de vacances, ils s'écrièrent : « Vous les passerez avec nous. » Je m'en défendis ;„mais ils insistèrent avec tant de supplications que je finis par céder. Et aussitôt on envoya chercher mes mal les à l'hôtel et on m'installa dans une chambre, au-dessus de Welmar....