Extrait du journal

Un des côtés curieux de la campagne électorale actuelle c’est le rôle de l’auto mobilisme dans la conquête des suffrages.! Les circonscriptions étendues appartien nent aujourd’hui à ceux qui font au moins du 60 à l’heure, pour employer le langage sportif. Dans les centres urbains, on peut encore se contenter de la voiture et même aller à pied d’une réunion à l’autre. Mais dans les collèges électoraux composés de ha meaux et de villages, épars, il faut aller plus vite et avoir en quelque sorte le don d’ubiquité. Dans ces conditions, l’automo bile est indispensable. C’est la fée rapide qui transporte le candidat à travers les kilomètres et lui permet en une seule jour née d’affirmer son républicanisme et la fermeté de ses convictions sur tous les points d?un immense territoire. 11 y a quelques années, ce mode de loco motion passait encore pour n’appartenir qu’aux riches, et la démocratie louchait sur l’auto bourgeoise et capitaliste. Main tenant, le candidat le plus démoc-soc va sur pneus et il n’a qu'une crainte, c’est de les crever. Malheur, en effet, au candidat qui reste en panne. D’abord c’est, mauvais signe et ensuite il rate la réunion publi que où l’attend le peuple frémissant. On s’explique alors que de tous les coins de la France soit signalé le merveilleux essor de l’automobilisme. Les fabricants sont sur les dents — ce qui, entre paren thèse, doit être une position bien gênante — et les chauffeurs font prime. Les braves gens de 1848 resteraient plu tôt rêveurs devant cette complication du suffrage universel; mais ils constateraient au résultat que, comme de leur temps, il y a beaucoup de pelles et peu d’élus. — Th....