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Le Petit Marseillais, 3 juin 1910

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Le Petit Marseillais
3 juin 1910


Extrait du journal

LES TROUBLE-(SEUIL La brève et triste histoire que nous avons racontée, avant-hier,sous le titre : Autour d'un Cadavre, appelle quelques nouveaux details et nécessite quelques rellexiuns. Ou a vu comment, au moment où l’on allait procéder aux obsèques d’un honorable habi tant de le rue Paradis, M. Serre, un *ndividu dont nous ignorons encore le nom se présenta à lu famille du défunt et prétendit lui impo ser des obsèques civiles, arguant d'une sorte de testament que M. Serre aurait signé avant de mourir, et dans lequel il aurait manifesté sa volonté d'être inhumé sans appareil reli gieux. Protestations énergiques de la famille, al titude arrogante du trouble-deuil, visite au juge de paix qui ne peut que donner raison aux parents du défunt, l’autre ne pouvant pro duire aucune pièce. Bref, malgré les mena ces et les objurgations du courtier de la librepensée, qui prétendait au moins faire retarder la cérémonie pour prévenir ses amis, celle-ci avait lieu au moment iixe, sous la protection de la police. Nous pouvons, aujourd’hui, compléter les renseignements qui nous ont été fournis hier. En effet, la famille de M. Serre ne peul ad mettre que son chef ait manifesté par écrit une telle volonté ; elle donne d'abord pour raison que le défunt avait les mains presque paralysées, à tel point qu’on était obligé de le faire boire et manger, il était absolument in capable d’écrire. En outre, bien qu’il fût in différent en matière de religion,sa neutralité était plutôt bienveillante pour la foi des siens, et jamais il n’avait laissé voir qu'il pût être autre chose qu’un catholique non prati quant. En tout cas, voici comment on aurait surpris ou taché de surprendre sa signature. Il y a quelque temps, un homme se présen tait au domicile de M. Serre, alors alité. Seul son lils, un enfant, était dans lu maison. L’in dividu s'adressa à celui-ci, qui refusa de lui laisser voir son pere. — Je suis un de ses amis, dit l’inconnu, il vient de m’envoyer chercher, il lient absolu ment à me voir. Et l’enfant, sans défiance, laissa entrer cette personne. Celle-ci demeura une heure envi ron dans la chambre du malade, et sortit sans voir personne autre de la famille.C’est durant cette visite que M. Serre aurait signé le fa meux testament. On peut dire de pareils procédés qu’ils sont la honte d’une époque, et qu’il sont indignes d’une société qui se réclame, à tout bout de champ, de la liberté de conscience. Mais, par malheur, ce fait n’est pas isolé, et nous pour rions en citer bien d’autres. 11 se produit, dans certains quartiers de notre ville, une vé ritable propagande d’athéisme après décès ; cette propagande s’exerce avec un cynisme révoltant et, dans certains cas, avec une véri table cruauté. Qu’on en juge : Un jeune homme de 16 ans, dont nous pour rions citer le nom et l’adresse, était atteint d’une maladie assez grave, et qui pouvait de venir dangereuse. Un jour, — sa mère étant absente, — deux personnes se présentent pour le voir, se prétendant mandées pur lui. On les laisse pénétrer dans la chambre, où elles restent quelque temps, puis s’en vont. A son retour, la mère trouve son enfant dé solé et très surexcité. — Maman I cria-t-il. mais alors, je suis bien malade, puisque je vais mourir et qu’on parle déjà de m’enterrer I La mère rassura son enfant et lui demanda d’où venait cette frayeur extrême. ce sont les gens qui sont venus me voir, et qui m’ont dit être envoyés par toi, ce sont eux qui m’ont fait peur, et si tu savais encore ce qu’ils voulaient de moi 1 — Quoi donc ? — Ils voulaient me faire signer un papier imprimé, dans lequel je déclarais vouloir être enterré civilement. Seulement, malgré tout ce qu’ils m’ont dit, je n’ai pas signé., Que penser de ce nouveau procédé de pro sélytisme ? Aller dire à un adolescent malade qu’il va mourir, et qu’on serait bien aise de lui voir fixer la nature de ses funérailles ! Il y a là, non seulement un oubli complet des convenances, ce qui serait vraiment peu de chose, mais un défaut absolu de cœur, de ju...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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