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Le Petit Marseillais, 3 mars 1931

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Le Petit Marseillais
3 mars 1931


Extrait du journal

Un procès vient de se terminer à Cherbourg, devant un conseil de guerre maritime, et il est l'un des exemples les plus frappants du sans-gêne étourdis sant avec lequel on gère la fortune pu blique. Il s’agissait d’un ancien capi taine de frégate, M. Guette, que l’on avait, en 1919, institué régisseur des transports maritimes à Rotterdam, pour les besoins de l’approvisionnement en France. Cet officier avait été, sur les navires dj guerre où il avait séjourné, un ma rin héroïque, mais sur un point spécial il était absolument nul: les chiffres. Il ne savait pas exactement si deux et deux font quatre. Et c’est pourquoi on lui confia les fonctions commerciales qui comportaient la manipulation de nombreux millions. Au commencement de la guerre, la répartition des incompétences avait été une chose ahurissante. De sorte que. quand on eut besoin de chimistes réels, de savants spécialistes authentiques, au cours des opérations, il fallut les cher cher parmi les territoriaux qui ba layaient les cours de la caserne et les hommes de l’active occupes à se faire tuer. Ces absurdes pratiques ne prirent pas fin avec l’armistice. Là où il fallait des calculateurs on dépêcha, non pas même des danseurs, car ceux-ci savent au moins compter les mesures, mais des fonctionnaires improvisés qui igno raient jusqu’aux plus élémentaires rè gles de la comptabilité. Voici un extrait de l’interrogatoire du capitaine Guette : — Comment procédiez-vous, les jours de règlement T — Je mettais mon argent personnel dans ma poche droite et les fonds du Trésor dans ma poche gauche, pour no pas confondre. — Vous n’aviez pas d'autre contrôle ? — Non. — Et vos comptes de gestion T — Mon comptable les établissait tous les mois ou tous les deux moi», et je les signais sans contrôler. — Pourquoi sans contrôler ? — parce que je n’y connaissais rien. — Et vous avez manié de grosses som mes ? — Oui, plusieurs centaines de mil lions....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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