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Le Petit Marseillais, 3 novembre 1911

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Le Petit Marseillais
3 novembre 1911


Extrait du journal

pement, l’une sur le Congo, l'autre sur l'Oubanghi ; elles seront distantes de plusieurs centaines de kilomètres l’une de l’autre et n’apporteront pas d’entraves sérieuses à la na vigation. Cette solution est- Infiniment préfé rable à la première, et, du moment qu’il fal lait négocier avec l’Allemagne sur cette base, il n'était pas possible de mieux faire. » Ce n’était pas du tout l'avis de mon interlo cuteur chagrin, qui s'est mis tout aussitôt à se lamenter. « Nous ne voulions pas d’une cou pure, m’a-t-il dit, et voici que nous en avons deux ; nous protestions contre la séparation de l'Afrique équatoriale française en deux tronçons et voici quelle sera séparée en trois. C’est nous tromper que de nous dire que les solutions de continuité du territoire français seront réduites au minimum ; qui dit cou pure dit interruption. Les possessions alle mandes viendront s’enfoncer dans les nôtres et nous aurons en plein Caméroun allemand une zone encerclée, privée de toute liaison par terre, au Sud comme au Nord, avec le reste de notre territoire congolais. Le contrôle allemand s exerçant sur le fleuve pendant sept ou huit kilomètres peut, s'il est vexatoire, apporter un .obstacle insurmontable à la na vigation française. Enfin, nous renonçons pour toujours à relier nos possessions de l’Afrique équatoriale par un chemin de fer : c’est tout le Congo que nous perdons!... » 11 y a, en réalité, une juste mesure entre ces deux thèses et, du moment que la tractation Maroc-Congo éktuit. engagée entre la France et l’Allemagne, il fallait bien s'attendre à ce sa crifice qu'on a cherché, somme toute, à ré duire au minimum. Nous avons accepté qu'on nous présente l’addition et nous savions bien' que la carte du Congo qu’on nous tendait, était la carte que nous devions payer. Est-ce à dire que la solution adoptée apparaisse comme définitive? Il suffit d'ouvrir un atlas pour voir que nous fabriquons une sorte de Chalcidique terrestre sans exemple dans la cartographie politique du monde. C'est un pa radoxe géographique qui ne peut pas durer ; ce n’est pas, d’ailleurs, sans arrière-pensée que l’Allemagne a voulu joindre le Congo belge et ce n’est pas pour nous un des moindres incon vénients de la situation que de paraître avoir prêté la main à la préparation d un mauvais coup allemand contre cette colonie. Nous con servons. du moins, notre droit de préemption et, si jamais la question d’un nouveau par tage de l’Afrique vient à se poser, 1 Angleterre y prendra avec nous directement part et. s’op posera comme nous à d’excessives convoitises germaniques. Ainsi, quel qu’il soit dans sa forme définitive, l’accord élaboré ne termi nera rien ; c’est non pas une conclusion, mais une préface. A supposer que l’Allemagne ne soulève plus jamais de chicane marocaine, nous gardons avec elle en Afrique de nou veaux points de friction. L'avenir dira si c’est à notre avantage ; pour l’instant, des suites plus immédiates s’imposent à notre attention en ce qui concerne l’attitude que nous devons adopter vis-à-vis de l'Espagne. Il est évident que le traité de 1904, que nous avons conclu avec ce pays ne saurait, en au cune façon, s’appliquer au Maroc tel qu’il est aujourd'hui. Nous sommes amenés à accorder à 1 Allemagne une très grosse compensation pour avoir au Maroc toute notre liberté d’ac tion ; les Espagnols ne peuvent prétendre toucher toute leur part sans rien payer. Nous avons traité avec 1 Allemagne pour tout le Maroc, nous sommes, cependant, disposés à faire à l’Espagne la part que nous lui devons honnêtement : mais nous ne voulons pas faire métier de dupes et tout lui fournir à nos frais. Les journaux espagnols nous ont cou verts d’injures ; nous n en tiendrons pas ran cune à la nation espagnole, nous agirons sur elle par une persuasion amicale et avec une inébranlable fermeté. Les Espagnols ne peuvent rester à La vache et à Ll-Ksar ; nous ne verrions, au contraire, aucun inconvénient à ce qu’ils s'installent à Tétouan, nous sommes même disposés à leur reconnaître un droit de pleine propriété sur le Riîf et sur leur zone méditerranéenne. La France n entend pas dé passer les limites d’une nécessite raisonnable : elle cherche seulement à concilier le soin de ses intérêts essentiels dans un Maroc qui lui coûte cher et. son vif désir de rester 1 amie de l’Espagne, avec laquelle ce serait une détes table politique que d’entamer des relations...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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