Extrait du journal

Le Chemin des Larmes D’abord, moi j’tai gobé tout de suite.! Ta figure m a botté du premier coup, et j’mai pensé : Francis, mon vieux, tu seras ami avec l’Ecureuil. Ça y est voilà ; on est co pains. — Oui, copains, tout ce qu’il y a de plus copains, tu parles. • Par-dessus le marché, j’ai une place à pré sent. Vingt sous par jour et nourri, ajouta Georges en gonflant les joues, c’est joli, hein, pour mon âge ? Seulement, ce que je vais garder ce tuyaulà pour moi au lieu d’aller raconter la chose chez nous, vrai, c’est rien de l’dire. — Et qu’il faut cacher ta galette, appuya Francis, sans cela ta vieille ivrognesse et son feignant la chiperaient en cinq sec, et toi tu te taperais les jours de dèche, mon colon. Dame ! le père Grasset m’a appris à être économe ; c’est pas lui qui dépenserait un sou mal à propos. — Tout de même, répliqua l’Ecureuil, ce serait mal de laisser mes paternels dans la marmelade pendant que je serais bien nourri ici. C’est des pas grand’chose, t'as raison Fran cis, mais quoi que tu veux, la mère Rose m’a recueilli, et dans le temps quand c’est qu’elle était commerçante, je n’manquais de rien, va. Même, au lieu de me battre comme elle fait aujourd’hui lorsqu’elle est saoule, ben, elle m’embrassait, me mignotait des fois, me bourrait de bonbons. Je dois pas oublier ça, faut que je gagne au jour d’aujourd’hui, malgré qu’elle soye devenue bien avachie... C’est comme qui dirait ma mère, quoi. Les deux enfants avaient achevé leur be sogne, et les nécessités de la vente rappelant bu dehors le pupille des époux Grasset,...