Extrait du journal

cette théorie. Soyez tranquille, ce n’est pas par elle que le monde périra. Et, do môme, quelques théoriciens a art peuvent affirmer que l’art ne viso pas la moralisation du monde, ils no changeront rien à ce fait que, môme sans chercher ce résultat, l’art, par essence, est moralisateur parce qu’il est rythme, ordre, harmonie, domina tion dos éléments. . Cette influence que l’art possède involontairement peut devenir toptepuissante quand il la recherche ou quand, au moins, il s’en préoccupe. Et entre toutes les œuvres d’art, celles du théâtre peuvent atteindre le cœur et l’esprit populaires, à cause des moyens puissants dont elles disposent, costu mes, décors, mise en scène... Je crois fermement que notre théâtre serait plus digne de lui-même si nos meilleurs écrivains no se contentaient pas de nous donner des œuvres spiri tuelles, où ils nous montrent surtout la décomposition morale des classes dites privilégiées. Tolstoï serait satisfait, et il n’est pas douteux pue sa théorie soit juste. Or, voici qu’elle est confirmée par celle d’un homme bien intéressant ù voir penser, ü voir vivre. Et qui donc ? — Guillaume de Prusse. Cet empereur vient, en effet, il y a quelques jours, dans un discours qui a fait le tour de l’Allemagne,d’affirmer la puissance éducatrice du théâtre ; il encourageait les gens de théâtre ù se servir de cette puissance pour le bien de l’empire; il affirmait qu’elle est la collaboratrice du haut pouvoir poli tique de son pays. Cela n’est peut-être pas inutile à observer, à l’heure où la ville de Paris s’apprête à fonder un théâtre muni cipal. Il est certain, ce théâtre, de trouver des acteurs de premier mérite. Je lui souhaite des auteurs nationaux qui fassent retentir noblement et bien haut sur ses planches l’énergie cl l’espérance françaises. JEAN AICARD....