Extrait du journal

LE RECENSEMENT Forcés de donner le jour De notre naissance, C’est ce soir — quel vilain tour! — Que l’on nous recense ! Serons-nous plus — qui le sait? Sur ce coin de terre? On va nous compter, et c’est C'est notre inventaire I Si l’on nous compte bien tous, D’étage en étage. Pour ma part, je crois que nous Sommes davantage. Il entre plus de voleurs Par les cheminées. Et plus de cambrioleurs. Depuis cinq années I Oui, l’on se multiplia. Ça manque d’espace. Et dans la rue il y a Plus de gens qui passent 1 Le pont transbordeur — cela Dit si je raisonne — Il y a deux mois, par là Ne passait personne ! On aura des excédents.... Hier — preuve publique —* Nous avions deux présidents De la République ! Pour le jour de l'An —- j’en veux Etablir les pièces — On a bien plus de neveux Et bien plus de nièces! Oui, quoi que vous en pensiez. Si cela vous touche. On a plus de créanciers, L’air non moins farouche! Eût-on cru, même un moment, Qu’on eût tant — peut-être — D’agents d’enregistrement Qu’on en voit paraître? Candidats ! n’est-on pas trop? — Besognes malsaines ! — Ils restent sur le carreau Souvent des douzaines 1 Et, malgré le mal que fit Mainte épidémie. Il y a bien plus d’offiCiers d’Académfe. Il y a bien plus de fous. D’amoureux dans l’ombre ; Ceux qui t’empruntent cent sous Sont en, plus grand nombre I De malheureux grelotant Les soirs se garnissent. Et les mains que l’on vous tend Jamais ne finissent ! Le jour — qui donc le verra? — N’est pas là qui sonne, Où sur terre il n’y aura Vraiment plus personne ! XAVIER MAUNIER....