Extrait du journal
On entend dire depuis quelque temps que la cuisine française est menacée. iJar qui ? Grand dieux ? Pas par les Alle mands, à coup sûr, chez qui la charcu terie est la base de toute nourriture ; ce n’est pas sur ce terrain qu’ils songe ront à trouver la revanche qui est au fond de leur cœur. Pas par les Anglais non plus, qui ignorent totalement l’art du bien manger. En dépit de leurs rêves d’hégémonie, ils n’imposeront pas à l’admiration de l’Europe leurs viandes bouillies ou rôties et encore moins leurs légumes cuits à l’eau non salée et qui empruntent tout leur goût aux sauces épicées, chimiquement préparées, dont on les arrose au moment de les absorber. M. Lloyd George, qui nous a fait avaler bien des couleuvres, n’a jamais songé à les accommoder à la mode de son pays. En Autriche, et surtout en Hongrie, on trouve quelques mets savoureux : le goulask, ragoût pimenté et le fogos, pois son du lac Balaton. En Espagne, on pré pare certains plais appétissants, mais qui no conviennent pas toujours à nos estomacs. L’Italie est, en somme, après la France, la seule nation possédant une cuisine véritable, encore que restreinte, et dont les pâtes forment la base. Où voit-on, dans tout cela, que nous puissions être disposés à renoncer à nos menus nationaux, si engageants et si variés selon la région ? Ce qui est vrai, peut-être, c’est que la guerre nous a, nécessairement, amenés à négliger notre alimentation et ce qui est plus incontes table encore c’est que nous commençons à rattraper le temps perdu et à remettre en valeur cet art si français de la cuisine. N’en- trouve-t-on pas la preuve dans 2ette foire gastronomique, organisée par la ville de Dijon, sur l’initiative de la municipalité et sous le patronage de la Chambre de commerce ? Il s’agit de faire mieux connaître nos merveilleuses res sources alimentaires et de fournir à l’industrie hôtelière — dont la prospérité exerce une si heureuse influence sur l’en semble de notre activité économique — les moyens de progresser, d’attirer les étrangers et de les retenir. . Le Touring-Club de France poursuit un but analogue en s’efforçant de main tenir les traditions culinaires propres à chacune de nos provinces ; il a institué le concours de la Bonne Auberge, afin de désigner à l’attention publique et de récompenser les hôteliers de campagne ou de petites villes chez lesquels le tou riste reçoit une hospitalité à la fois confortable et peu coûteuse. Des enquêtes approfondies désignent les lauréats. Sont admis à concourir : les aubergistes ou hôteliers servant des repas à G francs, boisson comprise (vin, bière ou cidre, suivant la région). Le prix n’est pas seul envisagé, cela va sans dire ; on tient compte, non seulement de la qualité des mets et de la boisson, mais aussi de la tenue générale de l’établissement, de sa propreté, de son aspect extérieur. En méritant les suffrages du Touring-Club, les hôteliers travaillent pour eux-mêmes, pour leur intérêt bien entendu, en même temps qu’ils contribuent au développe ment de la richesse nationale. Enfin, peut-on croire que la France...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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