Extrait du journal
L’assaut conduit contre l'Institut par les extrémistes est la re vanche haineuse des injustices commises autrefois par les jurys académiques à l’égard de Ma net et de ses amis impressionnistes. Trois quarts de siècle, et l’effondre ment des officiels alors trop vantés, n’ont pu désarmer les rancunes. Non seulement le vent a tourné, mais il souffle en rafale. L’Académie des Beaux-Arts paie chèrement les fautes de ses aînés. Ses privilèges tombent un à un. Dernièrement, les rouges d’Espa gne ont anéanti une de ses succur sales, la Casa Velâzquez, institution fort coûteuse et inutile, qui fut la grande pensée du règne d’un secré taire perpétuel nonagénaire, et qui devait être à Madrid une sorte de Villa Médicis. Maintenant, c’est à celle-ci même qu’on s’en prend. Il y a longtemps que les extrémistes en réclament la suppression, qui fait plus que jamais partie de leur programme depuis que l'Italie est gouvernée par le fascisme qu’ils exècrent. La Eranre avait dans Home deux belles enclaves, le palais Farnèse et la Villa. Nous avons failli perdre l’une, on voudrait la faillite de l’autre : ou tout au moins la livrer à des peintres révolutionnai res, de valeur plus ou moins contes table, qui bouleverseraient la tradi tion et l’enseignement au nom de l’esprit international de Montpar nasse. Seul, le bâtiment resterait intact Et après cette victoire, on assiégerait l’Ecole des Beaux-Arts de Paris elle-même. Les académiciens ont toujours eu, depuis un siècle, le droit coutumier de choisir parmi leurs collègues le directeur de la Villa. Or, le ministre , a fait signer un décret-loi réduisant le rôle de l’Académie à un titre « consultatif ». L’Académie s’est fort émue, elle a protesté. L’affaire n’a pas eu de suite. Le ministre a nom mé M. Jacques Ibert, qui était parmi les trois candidats proposés par l’Académie. Mais demain 7... Si un véritable conflit naissait entre un ministre et les membres de l’Acadé mie, qui donc soutiendrait ceux-ci ? La critique d’avant-garde leur est entièrement hostile. Elle engage l’opinioh publique à les tenir pour les représentants d’un système péri mé. De ces hommes souvent très âgés, dont certains ont du talent et dont d’autres n’ont dû leur élection qu’à la camaraderie entre prix de Rome, il n’en est pas quinze sur quarante dont les noms disent quelque chose à la foule, et leurs collègues des autres Académies euxmêmes les ignorent, et sur les dix « membres libres », il y a tout juste deux ou trois historiens d’art parmi des militaires, des fonctionnaires, des mécènes. On peut être membre de l’Institut et parfaitement obscur. Ces académiciens qüi vivent en vase clos assistent à l’époque sans la comprendre, ils ont perdu toute leur ancienne influence. Les services des Beaux-Arts continuent (le les appeler , gentiment « chers maîtres », mais ils ne leur donnent plus aucune commande. Tous les achats vont aux extrémistes. A l’Exposition, on leur fera une place royale : l’Académie n’en aura qu’une presque nulle. Elle sera reléguée dans un coin, comme jadis les « refusés » auxquels ses aînés furent si cruels. Elle est emportée par un courant. On eût pu espérer qu'elle se défendrait, que des hommes ayant une conviction, erro née ou non, songeraient à la soute nir. Mais leur inertie, leur confiance en leuh vieux titre, ont été telles, qu’ils n’ont même pas su s’assufer un journal, une revue, pour lutter contre une publicité adverse, tenace et habile, et qu’ils ont découragé ceux qui pouvaient les aider. 11 n’en est plus temps. Et puis, les œuvres ont été aussi faibles que les hommes....
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
En savoir plus Données de classification - marini
- paul reynaud
- edouard rastoin
- napoléon
- fernand laurent
- edouard ras
- j. gignoux
- etranger
- a. boude
- prax
- paris
- italie
- marseille
- france
- turquie
- madrid
- keystone
- montreux
- palais
- belgrade
- académie des beaux-arts
- n l.
- acadé
- ecole des beaux-arts
- institut
- associated press
- salon des arts ménagers
- d. a.
- collectif a
- parlement