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Le Petit Marseillais, 5 juin 1871

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Le Petit Marseillais
5 juin 1871


Extrait du journal

Nous avons déjà entendu dire par un directeur : « voilà que çà va redevenir comme sous l’empire!... » Si effectivement « ça redevenait comme sous l’empire » ce serait trés-fâcheux. Mais nous espérons que le gouvernement, quel qu’il soit, qui mettra cette mesure en vigueur, se souviendra que la loi est faite pour tons; que tel journal ne doit jouir d’aucun privilège parce qu’il pro fesse tels sentiments agréables; nous espérons qu’il laissera au jury le droit de distribuer les amendes et les mois de prison suivant qu’ils seront plus ou moins mérités, et non pas suivant le bon plaisir d’un procureur, dit impérial, qui n’avait en vue que son avancement et les bonnes grâces du maître. Le rétablissement du cautionnement fera certainement tomber bien des feuil les éphémères, et empêchera bon nom bre de déclassés de fonder, entre deux bocks, nu journal — déclassé comme ses propriétaires-rédacteurs —rappor tant peu de chose aux lecteurs, rien du tout à l’imprimeur. Mais il n’en subsistéra pas moins un nombre suffisant de journaux pour sa tisfaire les gens de tous les goûts et de toutes les couleurs. Nous ne pensons pas qu’aucun de ceux qui blâmeront la nouvelle loi, se servent jamais, comme argument,du prétexte qu’elle est réac tionnaire et anti-républicaine ; qu’elle favorise les journaux de tel parti au dé triment de ceux de tel autre parti. L’ar gent se trouve aujourd’hui un peu dans toutes les mains, et l’empire a surabon damment prouvé que,ma!gré le caution nement, les amendes, le timbre, etc., les journaux les plus radicaux pouvaient subsister et rapporter de forts beaux hé lices à leurs propriétaires. Si on consultait à cet égard M. Rochefort, il est probable qu’il exhalerait d amers regrets en songeant à sa fameuse Lanterne timbrée, cautionnée et cou verte d’amendes, tandis qu’il n’aurait pas assez de jeux de mots pour maudire son Mot d'Ordre qui ne payait pas un sou au fisc et dans lequel on pouvait traiter de forçats tous les honnêtes gens de sa connaissance et réciproquement. On a en outre récréminé assez souvent contre l’empire, qui laissait pousser comme des champignons une foule de petits journaux fantaisistes , où Ton avait le droit de parler de toute espè’e de choses peu morales pourvu qu’on respectât le gouvernement. Ou a préten du qu’ils avaient fortement contribué à la démoralisation de la nation, et qu’il serait temps que le législateur empêchât la production de cette littérature inter lope qui, avec les « pièces à femmes » avaient amené dos défaites aussi bien que les Failly et les Lebœuf. En soumettant tout journal sans ex ception à l’obligation du cautionnement, on détruit la presse littéraire — ce qui n’est pas un grand mal — et on donne à la presse populaire comme à la presse fantaisiste, un aliment plus sérieux et plus profitable que les racontars de cou lisses et les échos de cour d’assises. Du même coup on empêche l’éclosion de tant de journaux qui se créent dans un but évident de personnalités, et qui, comme certains animaux malfaisant», meurent après avoir cracùé leur venin... La loi sur le cautionnement est doue une loi morale au moins autant qu’une loi politique, et à ce point de vue nous l’ap prouvons plus encore. Quant au point de vue financier, nous ne pensons pas que le cautionnement...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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