Extrait du journal

progrès, c’est vous, et c’est pourquoi elle vous a envoyés ; elle en aurait envoyé d’autres, que ce serait tout de même le progrès. Que veut-elle ? Donner aux ci toyens toujours plus de justice et plus de liberté. Si plus on en donne, moins on en a, cela n’empêche pas la République de devenir toujours plus forte A la pa trie plus heureuse. Car elle est heureuse, la patrie ! Heureuse au point qu’on se de mande comment on pourra s’y prendre pour augmenter son bonheur. Vos ef forts y parviendront. « Je suis déjà votre président. Cela n’est pas nouveau ; mais c’est, néan moins, un beau progrès. Je ne sais pas ce que vous allez faire. Personne ne le sait et vous moins que personne. Mais, comme cela ne pourra être que splen dide, j’applaudis d’avance à votre œuvre sans égale. Je souris à vos,travaux. Oui, messieurs, je ne saurais trop le répéter, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Vous êtes ici, c’est bien ; j’y suis, c’est parfait. En vérité, que pou vons-nous demander davantage ? » On m’assure que ces paroles sévères furent saluées par d’unanimes applaudis sements. Rien n’est plus touchant que ce noble accord de gens qu’on félicite et qui ne craignent pas d’approuver leur éloge. Il n’y eut que le pauvre Candide et l’infortunée Cunégonde, qui, réfugiés dans les tribunes, essayèrent quelques sourds gémissements. — Il est vrai, disait Cunégonde, que ce monde offre, parfois, des attraits. Mais il est souvent bien désagréable. — N’empêche, disait Candide, en frot tant son derrière, que j’ai été terrible ment fessé, et je n’ai pas pu encore sa voir pourquoi. — C’est probablement, conclut Cuné gonde, le règne de la justice qui com mence. HENRY MARET.,...