Extrait du journal
mort, en pleine jeunesse, d’un époux adoré. Une fille de la reine Victoria devient impératrice d’Allemagne. Son mari, le trop beau Frédéric, meurt, après quel ques mois de règne, d’un mal dont l’ori gine et la nature ne sont ni glorieuses ni édifiantes. Elle souffre aussi, dès lors, par son fils, Guillaume IL En lui, la vigueur des Hohenzollern est viciée par la tare paternelle. Et, au chevet même de son père agonisant, il commence les brusqueries, les incohérences, la demidémence « dont Jupiter frappe les hom mes qu’il veut perdre ». En Italie, la belle reine Marguerite voit tomber sous les balles d’un anar chiste son mari, le roi Hurnbert. Ce qui achève de rendre odieux ces attentats contre les souverains, c’est le grand malheur des femmes dont toute la poli tique est d’être bienfaisantes. En Serbie, la reine Nathalie a pour épreuves l’inconduite de son mari, le roi Milan, la déchéance et l’exil ; puis, son fils Alexandre élevant une aventurière à ses côtés, sur le trône où il a été mis, et assassiné avec elle par des émeutiers. Une de nos charmantes princesses d’Orléans devient, en Portugal, la reine Amélie. Un jour, elle passe en voiture dans les rues de Lisbonne, avec lu roi et ses deux fils. Quelques révolutionnai res embusqués font pleuvoir des coups de feu. Le roi et le prince aîné sont tués. La reine se cacha-t-elle, instinctivement, au fond de ia voiture ? Non ; elle a dans les veines du sang français ; elle se dresse, pour faire un rempart de son corps à son second fils. L’aîné était un fin d’Orléans par les traits et par le ca ractère. Le second est un pâle Bragance, et commence un règne qu’il ne sait pas prolonger. Et la reine Amélie n’a plus une couronne qu’elle honorait. En Russie, la dernière impératrice passe des années dans les transes, entre un petit tsarévitch malade, infirme, et un mari pour (pii la tiare des tsars est trop lourde. Elle se lève souvent, la nuit, pour surveiller le sommeil do cet enfant ; elle se fie, pour obtenir sa guéri son, à un faux thaumaturge, l’ignoble Itaspoutine. On la voit, à Paris, dans la visite officielle, où elle accompagne le tsar, triste parmi les ovations et les fê tes, songeuse, portant sur son visage comme un signe de sa destinée tragique. La guerre éclate, la révolution survient. L’impératrice est traînée, ballottée, avec son mari, ses filles, tous ses enfants, de cachots en cachots, pendant des mois, dans la misère et les mauvais traite ments, jusqu’au jour de leur massacre par les ilotes ivres qui sont devenus les maîtres de la Russie. « Le bonheur des reines » ! Combien ce mot est menteur 1 Leur trône est, le plus souvent, un calvaire. Si nous de mandions A l’une d’elles quelle existence elle voudrait choisir pour une seconde vie, elle nous répondrait sans doute : « Je voudrais être la paysanne qui passe ses jours paisibles, dans la sérénité des champs, entre un bon mari et des en fants vigoureux. » Et elle aurait raison, car le proverbe est vrai : « Chaumière où l'on rit vaut mieux que château où l’on pleure. » H. LAUTARD....
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
En savoir plus Données de classification - poincaré
- jean bouin
- poin
- raymond poincaré
- jean bonin
- branting
- lloyd george
- leon bancal
- wallace
- pons
- france
- verdun
- herrick
- allemagne
- la haye
- marseille
- amérique
- russie
- italie
- europe
- la république
- parlement
- jeux olympiques