Extrait du journal

En face de lui, 11 venait de reconnaître l’em placement de la Petite Ménagère. Mais l’emplacement seul. Les volets de la boutique étaient clos. Accrochés à l’un d’eux, une grande pancarte s'étalait. sur cette pancarte, en grosses lettres, il lut cette inscription : MAGASIN A LOUER A cette vue, Christian resta debout, les pru nelles grandes ouvertes, comme pétrifié. Voyous, 11 ne rêvait pas... C’était vrai, ce qu’il voyait; cette boutique fermée avec un air de deuil, cet écriteau por tant ces mots qu’il répétait en lui-même,comme si le sens lui en échappait: « Magasin à louer ». C’était donc que la Petite Ménagère n’exis tait plus, que les habitants étaient parti:, dis parus... Disparus !... Cette idée fouetta le sang du jeune homme et l’arracha à son hébétude. Ce n’était pas admissible. On ne disparaît pas ainsi. Dans le quartier, on devait savoir ce qu’étaient devenues la tante et la cousine de Raymond. Peut-être même avait-il tort de s’alarmer sur leur sort. La Petite Ménagère avait vécu; cela ne prouvait pas que celles qui l’avaient aban donnée fussent dans une situation précaire, désespérée. Il fallait so renseigner, et surtout ne pas se hâter tout de suite de voir ainsi les choses sous leur face sombre. Car, en apercevant cette grande boutique aux volets inornes, le cœur de Christian aussi tôt avait été étreint par le pressentiment d’un malheur. Peut-être 6taient-ce les craintes exprimées dans la lettre de Raymond qui le rendaient à ce point impressionnable....