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Le Petit Marseillais, 7 avril 1884

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Le Petit Marseillais
7 avril 1884


Extrait du journal

avant de nous dans la direction de Givonne, lors que nous vîmes sortir des bois se trouvant entre nous et la frontière de Belgique tout un corps d’armée prussien qui installa ses batteries et tira sur nous. Le général fit faire demi-tour à la divi sion et chargea en tête des 1er et 2e chasseurs d’Afrique sur de l’infanterie qui se trouvait en avant des batteries. Les régiments se reformè rent ; il était environ 10 heures du matin, c’est à ce moment que le général Tilliard lut enlevé ainsi que son aide de camp par le même obus. < Le général nous fit faire différents mouve ments vers notre gauche pour nous soustraire autant que possible au feu des batteries qui nous écrasaient en avant et en arrière de nous. Vers deux heures, il fit arrêter la division derrière un mamelon au sud du village de Floing; il continua à s’avancer de sa personne dans la direction de l’ennemi. En arrivant sur la crête d’un léger mou vement de terrain, nous fûmes assaillis par une grêle de balles et nous vîmes les Prussiens s’a vançant rapidement et en groupes serrés sur la pente au sommet de laquelle nous nous trouvions. Le général arrêta son cheval et le fit tourner à droite, offrant par conséquent le côté gauche à l’ennemi. Je me trouvais à sa gauche et tout près de lui, lorsque tout d’un coup je le vis tomber violemment la face contre terre ; je sautai à terre et le pris dans mes bras, je vis qu’il avait le visa ge plein de sang : il ne pouvait pas parler, mais il ne perdit pas connaissance. Je le mis d’abord à genoux, puis il put se mettre debout. Je le pris par le br as droit et saisis de la main droite les re nés de nos deux chevaux qui n’avaient pas bougé et nous nous mimes à marcher péniblement de la sorte, assaillis par une grêle de balles tirées de très près ; — car les Prussiens avançaient rapide ment derrière nous et tiraient sur’nous comme sur une cible, je ne puis m’expliquer comment aucune balle ne nous toucha. » Le général fut d’abord conduit à Sedan où il reçut les premiers soins que nécessitait son état ; sa blessure était fort grave ; la balle qui l’avait atteint était entrée par une joue et sortie par l’autre, lui brisant en partie la mâchoire... De Sedan il fut transporté en Belgique chez le duc et la duchesse d’Ossuma qui offraient aux blessés français, dans leur magnifique château, une hos pitalité vraiment royale. Mais là, malgré tous les soins dont il fut entouré, le général expira au bout de quelques jours. Quelques temps après,le corps fut ramené en France et, traversant Paris et Marseille, t ût transporté sur cette terre d’Afri que qu’il avait tant aimée et où il avait été tant aimé, pour aller reposer dans le cimetièré de Mustapha. Et maintenant, dans deux mois, ce simple et ce vaillant sera coulé en bronze. « Roididans la dou leur et le navrement suprême de la défaite, grand, redressé de toute sa hauteur, il tendra ferme ment l’épée vers les Allemands. >— Adv. ♦ la Concentration a la Frontière...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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