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Le Petit Marseillais, 7 janvier 1888

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Le Petit Marseillais
7 janvier 1888


Extrait du journal

magne se trouvent partout, depuis la cave jus qu’au grenier. On remarque aussi à l’entrée de curieuses panoplies presque uniquement for mées avec des armes françaises de toutes les époques et de tous les modèles. Inutile d’ajou ter oü les Allemands ont dû se procurer ces armes. Les toitures de ces casernes méritent une mention spéciale pour leur originalité. Elles forment de véritables terrasses à;la mode orien tales, sur lesquelles on peut se promener, et que l’on pourrait très bien, si on le voulait, transformer en jardins suspendus. Voici comment elles sont construites : La charpente ordinaire est remplacée par un solivage de planches ayant une double inclinai son de 5 % à partir du centre en allant vers la corniche; sur ce solivage est un plancher re couvert d’une d’asphalte chaud ; sur l’asphalte on applique immédiatement de grandes bandes de papier ne laissant entre elles aucun inters tice ; sur ces bandes de papier, on applique une nouvelle couche d’asphalte et ainsi de suite. Cette opération ayant été répétée cinq ou six fois, on recouvre le tout d’une couche de sable fin de rivière et enfin termine par une couche de gravier fin. Il va sans dire que la toiture est entourée d’un reabord percé d ouvertures ver ticales pour l’écoulement des eaux. Ce système de toiture est peu coûteux et les Allemands en attendent les meilleurs résultats, mais l’usage seul apprendra ce qu’il vaut. Voilà pour les casernes d’infanterie. Je vous parlerai une autre fois des casernes de cavale rie et aussi des hôpitaux militaires,pour lesquels les Allemands ont fait d’énormes dépenses dans ces derniers temps. — X. FOUINE DE SIBÉRIE Chaque hiver a sa fourrure à la mode. C’est, parait-il, la fouine de Sibérie que la haute iashion a mise cette année en faveur. Peau superbe et bête rare d’une grandeur exceptionnelle, vêtue d’une robe admira ble aux poils soyeux, aux nuances exqui ses. Son long panache est un prodige d’élégance et de neauté. Lorsqu’un jeune Sibérien veut faire à sa fiancée un cadeau d’amour, il lui off re une peau de fouine enguirlandée d’anneaux et de rubans. Rien n’égale la souplesse et l’agilité de cet animal. D’après les naturalistes qui ont observé la fouine de Sibérie autour de son froid berceau, il paraît que, poursuivie par les chasseurs, elle plonge dans les neiges comme un poisson dans les eaux. C’est le fléau des étables et des poulail lers. Audacieuse et rusée, affamée de carnatre cfr-jarmais-repue, elle immolé vingt victimes en une nuit, ne s’attaque pas seu lement à l’innocente volaille, mais aux porcs, mais aux chiens. Avide de sang, rapide et souple, insaisissable, irrésistible, sa finesse égale sa gloutonnerie, et sa glou tonnerie sa cruauté. Traquée de toutes parts dans le village sibérien théâtre de ses coûteux méfaits, haletante, affolée, le corps frémissant, le museau allongé, l’œil en leu, son beau pa nache immobile et sa splendide cravate blanche barbouillée de sang, elle franchit les murs, grimpe sur les toits, se perd dans les greniers, se faufile dans les couloirs, se glisse dans les étables, bondit dans les jardins, disparaît dans les neiges, revient, passe et repasse, ondule, s’enfuit ; un ver tige et un éblouissement. Et les chiens aboient, les femmes crient, les enfants lancent des pierres, les hom mes s’apprêtent à frapper, les fourches et les bâtons s’agitent dans un tourbillon fu rieux, et la fouine qu’on voit, qu’on ne voit plus, continuant sa voltige fantastique, échappe des heures entières aux crocs des chiens, aux pierres des enfants, aux four ches et aux bâtons des hommes. Que disje? elle échappe même aux regards. Enfin, acculée dans un coin, au pied d’un mur, sur le bord d’une mare, elle reçoit le...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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