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Le Petit Marseillais, 7 juillet 1910

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Le Petit Marseillais
7 juillet 1910


Extrait du journal

Qui ça, il ? Oh ! quelqu’un dont il n’y avait plus guère que M. Pelletan pour garder un pieux souvenir. Vous devinez tout de suite qu il s’agit du général André — lequel était cité à témoignage dans le procès antimili tariste que la cour d’assises de la Seine vidait hier. Appelé aux débats, le général ne compa rut point ; son absence fut expliquée par ceci que la citation ne l’avait pas touché. Le greffier apprit au tribunal que « le dit témoin était parti sans laisser d’adresse ». Triste fin d’un héros ! Triste fin d’un parti dont ce héros a été la gloire ! Qui oserait encore espérer à présent que le Bloc se puisse reconstituer ? Le général André lui-même a cessé d’y croire. Il a emprunté sa douce plainte à Valentine de Milan : <« Rien ne m’est plus, plus ne m’est rien !...» Et il s’en est allé sans laisser aux contemporains trace de son domicile. On a su quelque temps, depuis son éclipse ministérielle, qu’il logeait à Dijon, tenant sa valise prête pour rejoindre M. Pelletan dès le retour au pouvoir de M. Combes. A deux ou trois reprises, impa tient d’attendre un recouvrement de porte feuille, il avait tenté d’obtenir un siège au Sénat. Chacune de ses tentatives n’avait fait qu’enrichir son vestiaire. Politique ment, il ne gardait, pour se consoler de ses échecs successifs, que le titre de conseiller général de Dijon. Mais, avez-vous remarqué comme on s’occupe peu des conseillers généraux ? On a tort, sans doute. A n’en juger que par ce qui se passe dans les Bouches-du-Rhône, c’est une grave erreur que de laisser en vahir les assemblées départementales par des conseillers peu choisis. L’opinion pu blique s’émeut des élections législatives et fait encore assez grand cas des élections municipales ; mais, par une étrange ano malie et quitte à se plaindre ensuite du sabotage des budgets de préfecture, l’opi nion publique prend à peine soin du choix des conseillers généraux. C’est cela, très apparemment, qui valut au général André d’être conseiller idem dans la Côte-d’Or et d’y traîner des jours obscurs. Si obscurs que, dégoûté de son reliquat de splendeur, le général conseiller donnait sa démission, il y a deux ou trois semaines. Abdiquer ce dernier titre politique,c’était s’enfoncer davantage dans l’ombre, et l’on vit, dans la décision du général André, comme un signe de désespérance. Or, voiciTju’il se confirme de dramatique...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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