Extrait du journal

Les Marseillais de 92 n’eussent jamais prévu que leur air de marche serait chanté un jour par des Chinois révoltés. Mon Dieu, que le monde est petit ! Et donc, sur la musique de Rouget de Lisle, on a mis des paroles jaunes, notamment ceci : 0 blanche Europe, tu es vraiment La fille gâtée du ciel; Le pain, le vin. tu as tout en abondance. Hélas ! mes frères sont des esclaves 1 A Pékin, il faut courber la tête Devant le loup, notre empereur. La grande Asie n’est plus «. Qu'un immense dé«ert. Que, d’une voix unanime, tous les hommes virils Appellent la réforme du ciel et de la terre ; Que, jusqu’au picKouantoun, Vùme du peuple rugisse. Washington, Napoléon, fils de la Liberté, Venez vous incarner en nous. Ilin-Yun, notre ancêtre, dirige-nous, Génie de la Liberté, accours, protège-nous ! C’est un peu notre thème révolutionnaire: Liberté, liberté chérie ! Tout de même, ce mélange de Napoléon avec Washington et Hin Yun a de quoi surprendre. Les natu rels du Céleste-Empire n’ont qu’une idée brumeuse des héros français et américains; mais enfin l’intention y est. Les Chinois exagèrent aussi quand ils prennent la <( blanche Europe » pour la fille gâtée du ciel. Gâtée, oui, mais bien toute seule. Une justice à rendre aux révoltés, c’est que leur Marseillaise n’est pas sangui naire. Il n’y est pas question d’

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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