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Le Petit Marseillais, 8 juin 1910

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Le Petit Marseillais
8 juin 1910


Extrait du journal

OUTRAGES A L’ARMÉE On nous télégraphie de Roubaix, 7 juin : Le 1er bataillon du 127* d'infanterie, qui doit tenir garnison à Roubaix pendant toute la durée du 17* grand concours national et in ternational de tir, est arrivé dans notre cité, hier, à midi. , . _ _ . , Le bataillon est entré en ville précédé de la musique du 43* d’infanterie ; plus de 3.000 per sonnes étaient dans les rues, poussant des ac clamations. Un incident s’est produit, boulevard de Pa ris. Un nommé Meurunt, ancien soldat des compagnies de discipline, condamné à mort pour coups à un officier, et réformé, il y a quelques mois pour maladie, après avoir vu sa peine commuée par le président de la Ré publique en dix ans de travaux publics, s’est jeté au-devant du peloton de tète en criant : « Crosse en l'air I Bande de cochons 1 A bas l’armée ! >• Mis en triste état par la foule indignée, le misérable a été, non sans peine, conduit au poste de police de la mairie par dix agents., R. L’Egoïsme et le Courage C'est une thèse, et vous savez que toutes les thèses se soutiennent, plus ou moins en équilibre, niais enfin elles se soutiennent. Ainsi est celle de M. Pierre Cantal, qui analyse l'héroïsme des armées du premier Empire. , ,, , Jusqu’à présent, le courage des soldats de Napoléon nous paraissait un pur dia mant, exempt de toute tare. Et l’auteur assure que nous nous trompions. Ce cou rage était tout simplement de l'égoïsme, l’égoïsme de l’avancement. On est égoïste pour ses intérêts pécuniai res, pour son estomac, pour son plaisir, pour son amour, pour une foule de choses. Ces années, qui ramassaient de la gloire sur tous les chemins du monde, étaient composées d’égoïstes qui ne pensaient qu’aux grades, aux chamarrures. Dans l’Opinion, un analyste cite ce passage de Stendhal : A Talaveyra deux officiers étaient ensemble à leur batterie. Un boulet arrive, qui renverse le capitaine. « Bon ! dit le lieutenant. Voilà François tué. C’est moi qui serai capitaine. » — « Pas encore ! » dit François, qui n’était qu'étourdi et qui se relève. Ces deux hommes n’étaient point ennemis ni méchants ; seule ment, le lieutenant voulait monter en grade. Tel était le furieux égoïsme qu’on appelait alors l’amour de la gloire, et que, sous ce nom, l’empereur avait communiqué aux Fran çais. Les sentiments de Napoléon pour ses sol dats, des soldats pour Napoléon, procédaient du plus pur égoïsme.....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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